Sur la « reine des routes »

De grands travaux d’aménagement sur la Via Appia Antica

Le Journal des Arts

Le 26 mai 2000 - 738 mots

Grâce aux fonds du Jubilé, de grands travaux ont pu être menés sur la Via Appia Antica afin de restituer sa lisibilité à la plus importante des routes consulaires, bordée d’extraordinaires tombes monumentales romaines et chrétiennes, notamment sur son premier tronçon hors de la ville. Une attention particulière a ainsi été réservée à la Villa des Quintili et au Castrum Caetani où se trouve le Mausolée de Cecilia Metella.

ROME (de notre correspondant) - Une vaste zone archéologique, de nouveaux musées, en plein air et couverts, et un visage neuf pour la regina viarum, la “reine des routes”, tel est le résultat de l’opération, qui a préservé l’aspect du XIXe siècle de la Via Appia Antica. Les interventions pour sa sauvegarde remontent à Antonio Canova, mais sont dues surtout à Luigi Canina, qui, à la demande de Pie IX, réalise, vers le milieu du XIXe, un vaste plan de réorganisation de la route devenue impraticable à cause des ruines. Le “rétablissement” avait consisté à rénover l’antique chaussée, à restaurer et créer des trottoirs, enfin à doter les monuments à moitié écroulés d’appentis en brique où rassembler les fragments des tombeaux.

En collaboration avec la Surintendance, la Direction des travaux publics de la commune de Rome a mené à bien la réhabilitation complète et le pavage en pierre des tronçons de route défoncés ou asphaltés entre la Porte Saint-Sébastien et le Grande Raccordo Anulare, tout en apportant une solution aux problèmes de stabilité parfois graves, rencontrés par exemple aux Catacombes de Saint-Calliste. Le chantier a permis de retrouver et de réhabiliter des monuments funéraires, ainsi que des centaines de mètres de l’ancienne chaussée, en insérant dans les parties manquantes des sampietrini, ces pavés utilisés dans certaines rues de Rome. Les trottoirs romains et XIXe ont été rétablis, les abords de la route où se dressent les monuments ont été nettoyés, et les murets en pierre sèche qui délimitent la propriété domaniale ont été restaurés.

Le Mausolée de Cecilia Metella (Ier siècle av. J.-C.) a été intégré au début du XIVe siècle au Castrum Caetani et transformé en donjon par un couronnement de murs en brique, de créneaux et de meurtrières. Construit par les Caetani à la demande de Boniface VIII, le Castrum comprenait le palais seigneurial, l’église paroissiale et des maisons d’ouvriers agricoles. Les interventions dans les salles à ciel ouvert du château ont consisté en fouilles, restauration des parois abîmées, repavage en peperino, création de services, et ont surtout permis la réouverture du musée voulu par Antonio Muñoz en 1909. Fermé et abandonné depuis des décennies, ce petit musée (environ 500 m2) conserve encore presque toutes les pièces retrouvées par Muñoz dans deux monuments de l’Appia Antica utilisés comme dépôts. Vestiges de diverses tombes souvent sans provenance précise, elles sont aujourd’hui restaurées et à nouveau exposées.

La Villa des Quintili (IIe siècle ap. J.-C.) a été achetée par l’État en 1985 à la famille Torlonia. L’entrée principale, sur l’Appia Nuova, mène au hameau réaménagé en services d’accueil, bureaux et hôtellerie. L’étable abrite à présent les antiquités retrouvées lors des fouilles des années vingt, auparavant conservées au Musée national romain, et lors de celles effectuées en 1998 et 1999. On y trouve des pièces de grande valeur, comme un Zeus assis en marbre blanc de près de 2 m de haut, une statue d’Hermès trouvée récemment, présentée avec d’autres figures du dieu découvertes au début du siècle, quelques grandes sculptures acéphales, comme un Apollon citharède et une Artémis, une tête d’Asclépios retrouvée l’an dernier près du nymphée… Les dernières fouilles ont complètement modifié le plan de la villa par la découverte d’une grande place dallée de marbre, à partir de laquelle étaient distribués les pièces d’apparat, les appartements privés, une grande citerne, puis un cryptoportique et le nymphée monumental. Entrepris pour restaurer les deux grandes salles thermales, les travaux ont permis de retrouver la grande piscine du caldarium avec ses gradins et les bouches des fours du système de chauffage. La seconde salle, appelée “nymphée”, s’est finalement révélée être un frigidarium qui, sous 160 cm de terre, recèle un très beau pavage en marbre polychrome et quatre plinthes qui soutenaient cet ensemble architectural à plusieurs niveaux. Le pourtour du “théâtre maritime”, peut-être un jardin panoramique de forme elliptique, a été dégagé. Par ailleurs, huit monuments mineurs, situés entre les miles IV et V de l’Appia Antica, ont aussi bénéficié d’études, de fouilles, de restaurations et de structures de protection.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°106 du 26 mai 2000, avec le titre suivant : Sur la « reine des routes »

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