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Glenn Lowry : MoMA Tate = bénéfice net

Le Journal des Arts

Le 9 juin 2000 - 701 mots

Après la décision de créer de concert avec la Tate Gallery un site commun à but commercial, Glenn Lowry, directeur du Museum of Modern Art de New York, expose la stratégie et l’ambition qui sous-tendent ce projet (lire aussi notre article page une).

Quel sera le véritable objet du site ?
Comme la plupart de ses institutions partenaires, le site concernera essentiellement les arts visuels, les spectacles, la vidéo et les musiques du monde entier. Il constituera la source majeure d’information pour tous ceux qui s’intéressent à la culture contemporaine, et notre exigence s’annonce comme une garantie de qualité.

En quoi la contribution de deux grandes institutions distingue votre site ?
Nous apportons un public très vaste dans la catégorie “individu d’un bon niveau d’études, de culture et de revenu”. Aux cinq millions de visiteurs annuels de nos collections, nous allons ajouter les cinq millions de la Tate plus les deux millions qui actuellement commandent des produits de notre catalogue et visitent notre site. L’existence d’une clientèle déjà acquise fait de nous l’une des rares entreprises de e-commerce qui se lancent en possédant déjà son public.

Est-ce que d’autres institutions vont participer à ce projet ?
Oui, nous sommes en train de contacter d’autres institutions pour un partenariat élargi, de façon à devenir un site culturel ne visant pas seulement les États-Unis mais aussi l’Angleterre et l’Europe.

Où et quand ce concept s’est-il développé ?
Je pensais à réunir une équipe pour créer un tel site quand, l’année dernière, j’ai appris que Nicholas Serota, le directeur de la Tate Gallery, nourrissait un projet comparable. Nous avons décidé de ne pas développer de sites concurrents. Pour l’instant, nous employons déjà trente personnes à plein temps ou à mi-temps.

Le site aura son propre conseil d’administration ?
Nous voulons contrôler le contenu du site et deux membres du conseil du musée siégeront dans celui du site. Pour protéger l’indépendance de la nouvelle entité et éviter les conflits d’intérêt, aucun des membres du conseil ou du personnel n’aura le droit d’investir dans cette société si elle entre en bourse.

L’aspect commercial du site sera-t-il limité aux objets actuellement en vente dans la boutique du MoMA ?
Nous allons développer notre boutique et commander de nouveaux objets à une centaine d’artistes. Nous demanderons aussi à des architectes de créer des objets pour la maison de façon à proposer à nos visiteurs un vaste choix d’objets, meubles, tissus, services de table et céramiques. Naturellement, nous vendrons aussi livres et catalogues, ainsi que des reproductions de gravures et de photographies.

Ce qui veut dire qu’en fait vous serez la version MoMA de Conran’s ?
Nous essayerons d’être différents de tout ce qui existe déjà. Nous attirerons des visiteurs grâce à notre contenu – événements et expositions –, de façon à créer une communauté, et ils pourront emporter chez eux un produit exclusif. Mais la publicité, les contrats de commercialisation ou de distribution et des droits d’entrée pour visionner certains événements constitueront une source de revenus importante.

La Tate Gallery a dépensé 134 millions de livres pour son nouvel espace et le MoMA s’agrandit d’une nouvelle aile d’un coût de 650 millions. Quelle sera le rôle du site dans le financement du développement des musées ?
L’avenir dépend de nos revenus ; nos deux institutions en sont très conscientes. Notre alliance va nous renforcer, nous apporter systématiquement un surcroît de gains grâce aux publications et aux adhésions au musée, aux programmes culturels et éducatifs.

La partie magazine de votre site ne sera-t-elle qu’un élargissement du Tate, le magazine artistique produit par le grand musée de Londres ?
Non, elle sera complètement différente, mais il est encore trop tôt pour préciser en quoi. Évidemment, nous aurons une énorme diffusion (celle du magazine est pour l’instant de 45 000 exemplaires).

Quels sont le coût de l’opération et le calendrier des opérations ?
Le lancement coûtera entre 50 et 60 millions de dollars (entre 350 et 420 millions de francs). Introduire la société en bourse n’est pas pour l’instant notre objectif, mais cette possibilité n’est pas exclue. Quelques philanthropes ont déjà offert un capital proche des 10 millions de dollars. Dans la mesure de nos moyens, nous aurons recours aux capitaux-risques. Dans quelques semaines, nous aurons bouclé notre business plan.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°107 du 9 juin 2000, avec le titre suivant : Glenn Lowry : MoMA Tate = bénéfice net

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