La consécration du style quarante

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 9 juin 2000 - 601 mots

Deux créateurs des années quarante, style qui a actuellement le vent en poupe, sont à l’honneur chez deux antiquaires parisiens. Jacques de Vos organise pour la seconde fois une exposition de meubles de Paul Dupré-Lafon, un des créateurs les plus prisés et les plus chers sur le marché, alors qu’Yves Gastou présente une trentaine de pièces de Maxime Old à l’occasion de la sortie du livre que lui consacrent les éditions Norma.

PARIS - Vente après vente, le mobilier des années quarante trace son sillon, copiant la piste suivie par le mobilier Art déco. Sa cote, qui n’a cessé de progresser depuis le milieu des années quatre-vingt, s’est enflammée depuis deux ans. En témoignent les fortes enchères qu’ont connues les créations de Paul Dupré-Lafon depuis plus d’un an. Une table gainée de parchemin adjugée 135 000 francs en 1997 s’est revendue 715 000 francs en juin 1999 à Neuilly-sur-Seine. Une table basse en chêne arraché, brossé, patiné à la céruse, estimée 600-800 000 francs, s’est envolée à 1,8 million, le 22 mai à l’Espace Tajan. Le record est toujours détenu par une commode à corps quadrangulaire gainée de cuir rouge foncé partie à 2,4 millions de francs rue des Mathurins en novembre dernier. Pour le centenaire de la naissance du créateur, Jacques de Vos lui consacre une exposition composée d’une quinzaine de pièces. Les prix commencent à 200 000 francs pour les objets les moins importants, comme un valet de nuit, pour atteindre 4 millions de francs. Parmi les meubles les plus exceptionnels figurent une élégante enfilade en cuir rouge à trois tiroirs, recouverte d’un marbre veiné blanc et noir, reposant sur une structure en fer noir ; une table basse en ébène de Macassar et marbre gris ; un bar en ébène de Macassar et cuir rouge Hermès et une suite de quatre fauteuils bridges en bois vernissé (environ 300 000 francs).

Des créations ingénieuses et épurées
L’exceptionnelle envolée de Paul Dupré-Lafon a épargné les travaux de créateurs moins connus comme Maxime Old qui est à l’honneur chez Yves Gastou jusqu’au 12 juillet. Le marchand expose une trentaine de pièces datant des années 1937 à 1968, vendues de 30 000 à 330 000 francs. Ses créations ingénieuses et épurées, associant confort et préciosité, ne dépassent pas 200 000 francs en vente publique.

On remarquera une paire de fauteuils en palissandre de 1937 (150 000 francs), un lit en sycomore et amarante, véritable chef-d’œuvre d’ébénisterie, marqué par l’influence de Ruhlmann, pour lequel le créateur a travaillé dans les années trente (120 000 francs). À noter aussi une console en frêne et opaline noire (80 000 francs), un petit bureau en sycomore et cuir qui a dû être exécuté à six ou huit exemplaires (100 000 francs). L’une des pièces majeures de l’exposition est une enfilade de bureau en bois vernissé noir avec un plateau gainé de cuir rouge ; ce meuble d’une exceptionnelle longueur (4,40 m) repose sur quatre pieds métalliques (300 000 francs). Il ne fait aucun doute que ses créations hardies et inventives connaîtront dans les années à venir l’onction du marché qui a déjà consacré plusieurs de ses contemporains.

- PAUL DUPRÉ-LAFON (1900-1971), CENTENAIRE D’UN STYLE SOUVERAIN, jusqu’au 30 juin, galerie Jacques de Vos, 7 rue Bonaparte, 75006 Paris, tél : 01 43 29 88 94, tlj sauf dimanche, 10h30-13h et 14h-19h.
- MAXIME OLD, jusqu’au 12 juillet, galerie Yves Gastou, 12 rue Bonaparte, 75006 Paris, tél : 01 53 73 00 10, tlj sauf dimanche et lundi, 11h-13h et 14h-19h. Maxime Old, architecte-décorateur d’Yves Badetz, Norma éditions, 320 p, 320 ill. coul et n&b, 550 F, ISBN 2-909283-48-8.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°107 du 9 juin 2000, avec le titre suivant : La consécration du style quarante

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