Art déco et 40, la hausse se poursuit

Un nouveau record mondial pour la spécialité et quelques incertitudes

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 9 juin 2000 - 639 mots

Le mobilier Art déco poursuit son irrésistible ascension comme en témoignent les dernières enchères enregistrées à Londres, où un cabinet
de Jean-Michel Frank, gainé de galuchat, s’est envolé à 487 500 livres sterling, un record mondial pour un meuble Art déco. Ces pièces devenant de plus en plus rares et chères, les collectionneurs se tournent depuis quelques années vers les meubles des années quarante, qui ne cessent, eux aussi, de s’apprécier : les dernières ventes tenues à Paris le 18 mai (étude Millon et Robert), le 22 mai (Espace Tajan) et le 24 mai (étude Ricqlès), et à Londres, le 10 mai, chez Christie’s, le montrent.

PARIS - Jean-Michel Frank tenait une place de choix lors de la dispersion par Christie’s Londres, le 10 mai, d’une collection de meubles et objets d’art signés des plus grands noms de l’Art déco et de créateurs des années quarante. Quelques-uns des meubles de Frank ont atteint des prix jamais obtenus jusqu’alors, comme ce cabinet gainé de galuchat qui s’est envolé à 487 750 livres (5,2 millions de francs), battant ainsi un record mondial pour un meuble Art déco. Une table basse, recouverte de galuchat, est montée jusqu’à 168 750 livres (1,8 million de francs), alors qu’une autre en ébène s’est, elle, vendue 300 750 livres (3,2 millions de francs). Cette dernière pièce était contestée par plusieurs experts parisiens, dont Jean-Marcel Camard qui en critiquait vivement une dizaine d’autres de Frank, Leleu ou Dupré-Lafon. Certaines étaient, selon lui, excessivement restaurées et d’autres, fausses (lire notre article en première page). Paul Dupré-Lafon, un des créateurs des années quarante les plus chers du marché, confirme sa cote élevée avec des pièces à plusieurs millions de francs. En témoignent les fortes enchères enregistrées à l’Espace Tajan, le 22 mai, où une table basse et ses trois tables gigognes encastrables sont parties à 1,3 million de francs, une autre table basse en chêne arraché et cérusé, gainée en partie de cuir rouge, à 1,8 million et un meuble à hauteur d’appui en comblanchien et structure d’acier à 920 000 francs.

Un engouement naissant pour Adnet
La cote des meubles de Jean Royère semble, elle, se stabiliser comme l’attestent les dernières ventes parisiennes. Une table basse modèle “semelle”, en marqueterie de paille, figurant dans la vente du 18 mai de Mes Millon et Robert, est partie à 220 000 francs. Au cours de la même vacation, un lampadaire modèle “persan” a été adjugé 100 000 francs et un des fameux fauteuils “ours polaire” 61 000 francs. Le 22 mai, l’étude Tajan vendait une enfilade en chêne arraché et cérusé 120 000 francs, près de quatre fois son estimation.

Dans des fourchettes de prix moindres, certains créateurs des années quarante, encore délaissés il y a peu, voient leur cote poursuivre leur hausse. Ainsi André Arbus, qui a largement dépassé ses estimations le 7 mai, à Besançon, sous le marteau de Me Renoud-Grappin, assisté du cabinet d’expertise Camard. Une paire de fauteuils, estimée 200-250 000 francs et provenant d’un salon, est partie à 578 000 francs, une table basse en sycomore, estimée également 200-250 000 francs, est montée à 558 000 francs et une chauffeuse en sycomore blanchi, estimée 15-20 000 francs, a atteint les 105 000 francs. Une commode basse gainée de parchemin, qui s’était vendue 310 000 francs il y a six mois, est, elle, partie à 500 000 francs, le 18 mai à Drouot. Jacques Adnet suscite, lui aussi, un engouement croissant en salle des ventes. Le 24 mai, Me de Ricqlès a vendu à Drouot-Montaigne un de ses bureaux à structure de laiton, gainé de cuir rouge, 111 000 francs et sa bibliothèque assortie 60 000 francs, montants doubles des estimations. Ces fortes enchères confirment le dynamisme du marché du mobilier des années quarante, qui se glisse, sans complexe, dans le pas des créations des années trente.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°107 du 9 juin 2000, avec le titre suivant : Art déco et 40, la hausse se poursuit

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