Art et communication

Bonjour tristesse

Le Journal des Arts

Le 9 juin 2000 - 451 mots

Un couloir sinistre et sombre, des salles mal éclairées ; tout dans le cadre est triste et morne, pour ne pas dire lugubre. Voilà l’impression première que donne l’exposition « L’art dans la pub », au Musée de la publicité. Encore faut-il comprendre que vous avez franchi la bonne porte, car, hormis un panneau indicateur à la sortie de l’ascenseur et après avoir traversé un bar qui laisse présager de la gaieté de l’endroit, rien ne vous signale vraiment que vous êtes arrivé en lieu et place de l’exposition.

C’est dans cette “joyeuse ambiance” que l’on découvre une sélection – non exhaustive – d’annonces presse, d’affiches et de films publicitaires faisant référence à l’art, que ce soit par créations spécifiques, reproductions, détournements, appropriations de noms d’artistes, associations, mises en scène, clins d’œil, jeux de mots ou parce que le produit lui-même devient sujet artistique... Les réalisations dont l’assimilation à l’art est vraiment tirée par les cheveux sont répertoriées par thèmes. Leur mise en valeur laisse largement à désirer, les visuels présentés étant, pour la plupart, des pages tout simplement arrachées à la presse ; les beaux tirages sont absents. Un bon point pour un immense visuel, Eau Noble Le Galion, peinture “à la manière de...”, qui a fait un effort de mise en scène, mais dont le rapprochement avec l’art n’est pas des plus intéressants et qui, malheureusement, est placé au ras du sol.

Les films diffusés en boucle constituent le seul élément qui aurait pu égayer et mettre un peu de vie dans cet environnement pesant. Dommage, les écrans vidéo fixés au plafond demandent de se tordre la nuque pour jouir du spectacle ! De grands écrans à hauteur d’homme auraient certes donné un tout autre ton à l’ensemble de l’exposition.

En ce qui concerne l’art à proprement parler, Léonard de Vinci avec La Joconde confirme sa popularité, mais Michel-Ange, Ingres, Millet, Delacroix, Géricault, Rembrandt, Renoir, Poussin, David, Titien, Lautrec, Degas, Van Gogh, Gauguin, Picasso, Andy Warhol et beaucoup d’autres, ainsi que l’art égyptien, précolombien et africain, ont largement contribué au mariage de l’art et de la publicité. Cependant, l’art de la publicité et la publicité de l’art, c’est aussi de la communication. Que les professionnels des agences assurent la leur et ne la laissent pas entre des mains étrangères, qui n’ont pas su, dans la réalisation, tenir les promesses d’un projet qui, bien mené, aurait pu être passionnant. La publicité est un mode d’expression plutôt gai et vivant, l’enfermer dans tant d’austérité n’est pas lui rendre service.

- Jusqu’au 10 septembre, Union centrale des arts décoratifs, 107 rue de Rivoli, 75001 Paris, tél. 01 44 55 57 50, tlj sauf lundi 11h-18h, samedi et dimanche 10h-18h, mercredi jusqu’à 21h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°107 du 9 juin 2000, avec le titre suivant : Bonjour tristesse

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