Une leçon de bon goût

Le Journal des Arts

Le 30 juin 2000 - 232 mots

Winckelmann a toujours été considéré comme le principal théoricien du Néoclassicisme, au détriment de son ami et compatriote, le peintre Anton Raphael Mengs (1728-1779). Lui aussi avait pourtant publié, en 1762, un traité largement discuté au XVIIIe siècle, avant d’être relégué en même temps que sa peinture dans un oubli dédaigneux. À la démarche spéculative de Winckelmann, à qui il dédie ses Pensées, Mengs préfère une approche empirique, accordée à ses visées didactiques. Souvent considéré sur la foi de son œuvre la plus célèbre, Le Parnasse à la villa Albani, comme un imitateur tardif et froid de Raphaël, l’artiste dresdois révèle une paradoxale admiration pour Corrège et Titien, dont les qualités résident respectivement, selon lui, dans “l’agrément” et dans “la vérité”. “Le texte de Mengs aboutit à une réflexion sur le faire pictural qui laisse place à autre chose qu’à la défense d’un art de l’Idée”, notent les auteurs de la préface. Par sa manière de ramener la peinture à la somme de ses composants (dessin, coloris, composition, draperies, signification), ce traité apparaît caractéristique de la pensée académique, qui défend “l’art de bien choisir dans la nature” mais récuse la tentation “de forger de nouveaux objets”.

- Anton Raphael Mengs, Pensées sur la beauté et le goût dans la peinture, préface de Fabienne Brugère et Denise Modigliani, éd. École nationale supérieure des beaux-arts, coll. Beaux-arts Histoire, 87 p., 60 F. ISBN 2-84056-0800-1.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°108 du 30 juin 2000, avec le titre suivant : Une leçon de bon goût

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