Mobilier et objets d’art

Ils sont les points forts de la Biennale

Le Journal des Arts

Le 8 septembre 2000 - 767 mots

Paris et ses grands marchands demeurent incontournables dans ce secteur et l’organisation imminente de ventes publiques sur les bords de Seine devrait encore conforter sa suprématie. L’année 1999 demeurera, sans aucun doute, dans les annales du mobilier français comme un cru exceptionnel. Elle fut marquée par la dispersion de grandes collections – Alexander, Beistegui (167 millions de francs), Ojjeh (220 millions de francs), Rothschild, Delbée-Jansen et Pimodan – et par quelques enchères de haute volée s’alignant sur les prix des tableaux. Une commode Louis XVI, estampillée de Riesener avait été adjugée 75 millions de francs (juillet 1999, Christie’s Londres), une commode à encoignure Louis XVI, estampillée de Carlin et Weisweiler à 46 millions de francs (décembre 1999, Christie’s Monaco). Le premier semestre 2000 a été un peu moins époustouflant et les ventes de grandes collections comme celle de Karl Lagerfeld (155 millions de francs de produit, Christie’s Monaco) ou de la comtesse Greffulhe (14 millions de francs, étude Binoche) plus rares. Quelques records (2,3 millions de francs pour une chaise estampillée Jacob commandée par Marie-Antoinette) témoignent pourtant de la bonne santé de ce marché soutenu par l’appétit des collectionneurs longtemps privés de pièces d’exception.

Paire de vases cornets en porcelaine de Chine bleue d’époque Kangxi, attribuée à Pierre-Philippe Thomire (1785, galerie Perrin) [1]
Ces vases à monture de bronze ciselé sont ornés d’anses en forme de béliers dont on retrouve trace dans la production des vases de Sèvres à l’époque où le bronzier Pierre-Philippe Thomire y occupait la charge de modeleur. La collection royale de Buckingham Palace possède une paire de vases similaires qui furent probablement commandés à Thomire en 1784. Une autre paire de vases semblables se trouve dans la collection de la Walters Art Gallery à Baltimore.

Paire de tabourets en “X” (époque Ier Empire, galerie Camille Bürgi) [3]
Ces tabourets dits curules, en bois laqué et doré, sont dotés d’accoudoirs se terminant par des têtes de lions et de pieds en forme de griffes.

Grand vase dit “vase fuseau” de la reine Caroline, Sèvres (1810, galerie Ariane Dandois) [4]
Ce vase en porcelaine dure, bronze ciselé, patiné et doré, fut offert par l’empereur Napoléon Ier à sa sœur, Caroline Murat, reine de Naples. Les ornements ont été réalisés d’après un dessin de Claude-Charles Gérard, les figures peintes par François Béranger, la dorure par Charles-Raphaël Morin et la monture en bronze par Pierre-Philippe Thomire. Les archives de la Manufacture de Sèvres témoignent des recherches qui furent menées sous la direction du minéralogiste et chimiste Alexandre Brongniart. Cette pièce sera présentée par Ariane Dandois dans sa nouvelle galerie de la place Beauvau, à l’occasion d’une exposition consacrée au style Empire en Europe (12 septembre- 28 octobre, 92 rue du faubourg Saint-Honoré).

Tapis et tapisseries
Le marché des tapis a connu ces dernières années une grave crise qui a entraîné des baisses de prix de 30 à 40 %. Ces difficultés s’expliquent à la fois par la commercialisation à bas prix de tapis produits en Roumanie, dans les pays du Caucase et en Chine mais aussi par la multiplication des ventes de qualité médiocre qui se sont déroulées à Drouot. Certaines pièces ont cependant été épargnées par cette dépression. Il en est ainsi des tapis de la Savonnerie et des tapis d’Aubusson qui se sont, quant à eux, fortement enchéris. Le marché des tapisseries est, lui, très dynamique depuis deux ans. Les marchands parisiens font état d’une activité très soutenue, “dopée” par l’élargissement de la clientèle.

L’Éléphant, Manufacture royale de Beauvais, époque Louis XVI (début du XVIIIe siècle, galerie Chevalier) [2]
Cette tapisserie (3,03 x 4,14 m) tissée en laine et soie fait partie de la tenture des Grotesques à fond jaune. Le carton a été exécuté par Jean-Baptiste Monnoyer à partir de 1689. Face au succès remporté par la première tenture inspirée de l’œuvre de Jean Bérain, peintre ornemaniste de Louis XVI, le sujet fut retissé plusieurs fois jusque vers 1730. Nombre de grands musées français et américains possèdent désormais une ou plusieurs de ces tentures.

Jumelés
Jean-Claude BELLIER. Après plusieurs années d’absence, nous avons décidé de revenir pour participer à la dernière Biennale de ce millénaire. Nous avons choisi d’y montrer les œuvres de deux précurseurs : Édouard Vuillard et Georges Rouault.

Laquée
Jean-Jacques DUTKO. J’ai hésité avant de revenir car travailler dans les sous-sols du Louvre me paraissait moins prestigieux que le Grand Palais, mais je voulais faire la Biennale de l’an 2000. C’est l’occasion de présenter une pièce des années 1930, de Jean Dunand : une boiserie laquée dite “Les Palmiers, laque arrachée grise, argent et or avec des applications de métal laqué noir gravées de motifs géométriques.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°110 du 8 septembre 2000, avec le titre suivant : Mobilier et objets d’art

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