Conservateur de l’Inventaire

Métiers de l’art

Le Journal des Arts

Le 8 septembre 2000 - 786 mots

Créées en 1984 les Journées du Patrimoine connaissent un succès grandissant. Mais si un large public s’est à présent familiarisé avec le patrimoine national, les principaux acteurs qui œuvrent pour sa mise en valeur et sa préservation demeurent méconnus. Parmi les différents spécialistes chargés d’étudier, de classer ou de conserver ce patrimoine, le JdA a choisi ce mois-ci de mettre en lumière le conservateur de l’Inventaire général. Scientifique, homme de terrain, il recense et contribue à protéger les richesses artistiques des régions, tout en participant à leur diffusion.

Agent de l’État et des collectivités territoriales, les conservateurs du patrimoine sont recrutés par un concours commun. Leurs carrières et rémunérations (entre 9 000 francs et 11 000 francs net par mois en début de carrière et entre 24 000 francs et 35 000 francs en fin) sont établies sur les grilles de la fonction publique. Le nombre de postes à pourvoir chaque année étant très limité, les candidats titulaires d’un diplôme national de second cycle d’études supérieures (ou équivalent) ont la possibilité de postuler dans plusieurs spécialités : archéologie, archives, monuments historiques, musées, patrimoine scientifique et inventaire général. Originaire de Clermont-Ferrand, Catherine Guillot conservateur de l’Inventaire général depuis un an dans le Nord-Pas-de-Calais souligne l’extrême difficulté des épreuves et la nécessité de poursuivre ses études à Paris si l’on veut véritablement se donner les moyens de réussir : “ce concours est très ‘parisien’, pas question de manquer les expositions phares du Grand Palais ou autres institutions prestigieuses de la capitale”. Titulaire d’un baccalauréat littéraire en 1990, c’est donc très logiquement qu’elle décide de continuer ses études à Paris et de s’inscrire à l’École du Louvre afin de suivre un enseignement en histoire de l’art. Après un premier cycle de trois ans et un second d’un an en muséologie, elle décide de diversifier sa formation en effectuant une maîtrise d’histoire de l’art à l’université de Paris-IV. Apte à postuler au concours de conservateurs du patrimoine, elle choisit la préparation offerte par l’université de Paris-I et s’y consacre durant une année. “Il est préférable de suivre une préparation complémentaire à sa formation d’origine ; diplômée de l’École du Louvre, j’ai opté naturellement pour la préparation de l’université Paris-I - Paris-IV. Celle-ci fournit un très bon entraînement aux épreuves de dissertation, et les cours ont l’avantage d’être programmés en soirée, ce qui offre la possibilité aux candidats de travailler pendant la journée.” Culture générale, voire encyclopédique, et curiosité insatiable semblent être les maîtres mots de la réussite. Admise en 1997, elle intègre l’École nationale du patrimoine, école d’application chargée de former durant dix-huit mois les futurs conservateurs.

Itinérant par vocation
Si les stages qui ponctuent la formation donnent véritablement la mesure des missions à accomplir, les enseignements semblent moins bien adaptés aux spécificités de chaque profession : le conservateur de l’Inventaire n’obéit pas à une logique de chef d’établissement, il n’est pas destiné à gérer du personnel comme son homologue des musées ou des archives. Itinérant par vocation, il arpente sa région après avoir effectué de solides recherches documentaires. Chercheur et homme de contact, il travaille généralement en équipe avec des architectes, des photographes et des documentalistes. En pleine évolution, ce métier bénéficie des progrès techniques récents notamment dans le domaine de la photographie numérique. De plus en plus de bâtiments seront ainsi immortalisés par la photographie et versés dans la base de données “Mérimée” qui recense le patrimoine monumental français et qui contient déjà 140 000 notices. D’autre part, cette profession exige une grande adaptabilité et une réelle polyvalence. “Lors des multiples repérages que nous effectuons dans les villes et villages, nous sommes confrontés à des architectures et des objets d’époques et de styles très différents, ainsi qu’à de très nombreux matériaux”, précise Catherine Guillot. Malgré l’engouement des Français pour leur patrimoine, cette profession souffre d’un déficit de reconnaissance de la part du grand public. “La plupart des gens que je rencontre sur le terrain ne font pas de distinction entre les différentes fonctions : inspecteurs des Monuments historiques, conservateur des Antiquités et objets d’art, conservateur de l’Inventaire général. Une de nos missions consiste aussi à mieux faire connaître notre action”, conclut Catherine Guillot.

- Informations sur le concours École nationale du patrimoine (ENP), 117 bld Saint-Germain, 75006 Paris. Tél. 01 44 41 16 41.

Établissements préparant au concours
- École du Louvre, palais du Louvre, porte Jaujard, place du Carrousel, 75038 Paris. Tél. 01 55 35 18 35.
- Université Paris-I (Panthéon-Sorbonne) et université Paris-IV (Paris-Sorbonne) et université Paris-X (Nanterre), UFR d’histoire de l’art et d’archéologie, 3 rue Michelet, 75006 Paris. Tél. 01 53 73 71 34.
- Université de Lille-III, UFR des sciences historiques, artistiques et politiques, B.P. 149, 59653 Villeneuve-d’Ascq cedex. Tél. 03 20 41 62 76.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°110 du 8 septembre 2000, avec le titre suivant : Conservateur de l’Inventaire

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque