Scarpa de deux

Un double hommage à l’architecte vénitien

Le Journal des Arts

Le 22 septembre 2000 - 483 mots

Après l’exposition au Centre canadien d’architecture à Montréal l’an dernier, c’est au tour de la région natale de Carlo Scarpa (1906-1978) de lui rendre hommage. À l’image de sa double activité de scénographe et d’architecte, cette grande rétrospective se partage entre deux lieux : « Expositions et musées 1944-1976 » au Musée de Castelvecchio à Vérone, « Maisons et paysages 1972-1978 » au palais Barbaran da Porto à Vicence.

VÉRONE/VICENCE (de notre correspondant) - Le Musée de Castelvecchio présente une vingtaine d’installations temporaires et de projets de musées, illustrés par deux cents dessins, des photographies, des films, des maquettes et des sculptures. Le parcours mène le visiteur de l’exposition “Paul Klee” en 1948, début d’une longue collaboration avec la Biennale de Venise, à “Venise et Byzance” (palais des Doges, 1974), en passant par l’installation mémorable de “D’Altichiero à Pisanello” (Vérone, 1958), première intervention réalisée sur le Castelvecchio à Vérone, par la suite installée dans la section permanente du musée. Scarpa développe aussi de nouveaux concepts spatiaux dans de nombreux musées, dont certains sont illustrés ici comme l’agrandissement de la gypsothèque Canova à Possagno (1955-1957) et le couvent Sainte-Catherine à Trévise. L’exposition fait aussi place à d’importants projets non réalisés, comme le Musée de Messine, la couverture de la zone archéologique de Feltre et la proposition pour le Musée Picasso à l’hôtel Salé à Paris.

Passionné de poésie
“Maisons et paysages 1972-1978” se concentre sur les travaux marqués par leur relation avec le paysage, ou bien sur les œuvres nées de commandes privées, comme la célèbre Tombe Brion du cimetière de San Vito d’Altivole, la Banque Populaire de Vérone et les villas Matteazzi Chiesa et Zileri dans le centre historique de Vicence. Il s’agit, à travers tous ces projets, de décrire le caractère aristocratiquement artisanal de sa recherche, typiquement vénitienne mais jamais purement vernaculaire. Liée au régionalisme architectural, chargée d’inspirations venant de l’histoire de l’art, son œuvre est constamment marquée par des références érudites : Scarpa était en effet un homme aux vastes connaissances littéraires et passionné de poésie contemporaine, comme en témoigne sa bibliothèque privée présentée à l’exposition. Sa notoriété est surtout liée au langage de ses projets qui, gardant parfois le souvenir de certaines solutions néoplasticiennes et wrightiennes, est toujours éclairé par l’originalité d’inventions extraordinaires, amplement mises en valeur dans cette exposition : détails technologiques et décoratifs, presque sculpturaux dans l’utilisation des matériaux, dont les pierres dures, le verre – pendant des années, Scarpa a collaboré avec la verrerie Venini de Murano –, le marbre, mais aussi le béton apparent et différents métaux, du fer au laiton.

- CARLO SCARPA, MOSTRE E MUSEI 1944-1976, jusqu’au 10 décembre, Musée de Castelvecchio, Vérone, tél. 39 045 59 47 34, tlj sauf lundi 9h-19h.
- CARLO SCARPA, CASE E PAESAGGI 1972-1978, jusqu’au 10 décembre, Palazzo Barbaran da Porto, Vicence, tél. 39 0444 32 30 14, tlj sauf lundi 9h-18h. Catalogue, éd. Electa, 466 p., 400 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°111 du 22 septembre 2000, avec le titre suivant : Scarpa de deux

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