Cai Guo Qiang plagiaire ?

Le Journal des Arts

Le 22 septembre 2000 - 326 mots

L’Académie du Sichuan veut intenter un procès au commissaire d’exposition Harald Szeemann et à Cai Guo Qiang pour « violation de copyright » à propos de l’œuvre que le Chinois a présentée en 1999 à Venise.

HONG-KONG - Un groupe d’artistes officiels chinois est à l’origine de l’affaire. Ces derniers n’ont pas apprécié la supposée appropriation de leur travail par Cai Guo Qiang dans sa Venice Rent Collector’s Courtyard (La Cour du collecteur de loyers de Venise), œuvre couronnée par le prix international de la Biennale de Venise l’an dernier. L’original de Rent Collector’s Courtyard aurait été créé à l’apogée de la Révolution culturelle, en 1965. Fruit d’une collaboration entre étudiants et professeurs de l’Académie, ce tableau de cent mètres de long dénonce les maux du système de fermage. La femme de Mao, Jiang Qing, et sa Bande des Quatre l’ont particulièrement apprécié. Des copies en fibres de verre furent même distribuées dans tout le pays et l’une d’elles aurait permis à Cai de réaliser sa version. Il semble difficile de croire aujourd’hui que ce modelage maladroit et cette caricature sommaire puissent suggérer autre chose qu’une satire. L’attaque de l’Académie des beaux-arts du Sichuan, l’une des trois plus importantes écoles d’art de Chine, est symptomatique d’un climat croissant de xénophobie visant aussi bien les Occidentaux que les émigrés. Cai Guo Qiang, qui a quitté la Chine il y a quatorze ans, a été tourné en dérision par la presse et traité d’“artiste à visa américain” et d’“homme banane”, c’est-à-dire jaune à l’extérieur et blanc à l’intérieur. Un professeur de l’Académie du Sichuan, Dao Zi, accuse l’œuvre de Cai d’“impérialisme culturel post-colonial” parce qu’elle présente le pays comme arriéré et dominé par un pouvoir absolu. Autre signe inquiétant, les tentatives du gouvernement de Shanghai d’encourager l’art contemporain ont été étouffées par des apparatchiks, qui ont exclu de la nouvelle foire et de la Biennale toutes les œuvres qui n’étaient pas des peintures à l’encre ou à l’huile.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°111 du 22 septembre 2000, avec le titre suivant : Cai Guo Qiang plagiaire ?

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