Un trésor découvert en Mer de Chine

Le Journal des Arts

Le 6 octobre 2000 - 472 mots

Une exceptionnelle cargaison de céramiques vietnamiennes bleues et blanches du XVe siècle sera mise en vente, du 11 au 13 octobre chez Butterfields à San Francisco, puis sur ebay Great Collections à partir du 14. Découverte en 1997-1999, elle provient de l’épave du Hoi An, un navire qui a sombré en Mer de Chine, il y a cinq cents ans.

LONDRES (de notre correspondante) - Cette étonnante découverte pourrait totalement bouleverser et dynamiser le marché de la céramique vietnamienne. 250 000 céramiques ont été mises au jour dont 150 000 intactes. Les musées voudront certainement mettre la main sur les plus beaux objets, tout comme les collectionneurs qui pourront également, en faisant une offre sur Internet, acquérir leur petit morceau d’histoire incrustée de coquillages.

Les enchères débuteront, du 11 au 13 octobre, chez Butterfields à San Francisco, avec une sélection des deux mille plus belles pièces. La dispersion se poursuivra à partir du 14 octobre sur le site ebay Great Collections avec un ensemble de dix à quinze mille lots. Les estimations vont de 50 à 150 000 dollars (soit 350 000 à 1 million de francs) et la vente devrait générer des millions de dollars. Jusqu’à cette découverte, le marché de la céramique vietnamienne était pratiquement inexistant. La production déjà limitée a été sinistrée par les guerres mais aussi par la colonisation française qui a eu raison de la production artistique. L’étude Binoche, assistée de l’expert Jean-François Hubert, a néanmoins organisé plusieurs dispersions ces dernières années.

L’année dernière Sotheby’s a, cependant, battu un record mondial avec une très rare bouteille polychrome vietnamienne du XVe-XVIe siècle, qui s’est envolée à 3,2 millions de francs. “Cette bouteille ne doit pas être considérée comme un objet de référence pour l’estimation de la valeur moyenne des céramiques vietnamiennes car il s’agit vraiment d’un objet exceptionnel qui représente un attrait certain pour les collectionneurs à bien des égards”, note toutefois Henry Howard-Sneyd, du département des œuvres chinoises de Sotheby’s. Le prix d’une céramique vietnamienne n’excède pas d’ordinaire les 14 000 dollars (100 000 francs). C’est pourquoi l’arrivée de cette énorme collection chamboulera certainement le marché et relancera les prix qui devraient être encore dopés par les circonstances de l’événement. La découverte de trésors enfouis sous les mers aiguise toujours l’imaginaire collectif. Christie’s, leader incontesté des ventes de ce type de cargaisons, a exploité le filon avec un certain nombre de naufrages célèbres. Cette vente pourrait néanmoins pâtir de l’état inégal des quelque cent dix mille céramiques du Hoi An, certaines ayant été endommagées par l’eau de mer. Les revendeurs conseillent de ne pas s’enthousiasmer trop rapidement pour les pièces de moindre qualité ; de grandes quantités d’objets similaires seront encore disponibles sur le marché dans quelques années et ils ne seront plus entourés de la frénésie magique et unique créée autour de cette vente aux enchères.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°112 du 6 octobre 2000, avec le titre suivant : Un trésor découvert en Mer de Chine

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