Allemagne - Musée

Le génie du lieu

Un projet respectueux pour le Pergamonmuseum

Par Alessandra Galizzi Kroegel · Le Journal des Arts

Le 20 octobre 2000 - 508 mots

BERLIN / ALLEMAGNE

Plus vaste des cinq bâtiments de l’île des Musées et consacré aux collections archéologiques, le Pergamonmuseum de Berlin sera agrandi et restauré par Oswald Mathias Ungers. Gagnant du concours, il a su apporter le plus grand soin à l’intégrité architecturale du lieu en s’alignant sur les plans originels.

BERLIN (de notre correspondante) - Auteur du Musée d’architecture de Francfort et de la Kunsthalle de Hambourg, l’architecte allemand Oswald Mathias Ungers a recueilli six voix du jury sur sept, battant les huit autres candidats sélectionnés sur les quatre-vingt-deux architectes présentés. Le deuxième prix a été attribué aux architectes Diener et Diener, de Bâle, et le troisième à Hans Kollhoff, de Berlin. Les travaux s’inscrivent dans le programme de réaménagement général de l’île des Musées décidé par la Fondation culturelle prussienne en juin 1999 (lire le JdA n° 97, 21 janvier). Le Pergamonmuseum sera ainsi intégré dans une promenade archéologique plus vaste. Il s’agissait également, comme stipulé par le concours, de trouver une solution au problème de la “cour d’honneur”, grande étendue reliant le canal de Kupfergraben à la façade du musée. Selon le plan original d’Alfred Messel (1906), le tout aurait dû être fermé par un portique. En l’aménageant avec un matériau translucide, les conservateurs espéraient pouvoir transformer cet espace en salles d’expositions. Idée reprise par plusieurs architectes, dont Frank Gehry, à l’occasion du concours de 1994. Une commission locale de conservation du patrimoine a rejeté la suggestion. Les changements auraient dénaturé le bâtiment actuel, exemple de l’architecture berlinoise néoclassique du début du siècle.

Dans cette optique, les trois gagnants ont proposé de revenir au concept de forum ouvert sur la ville. L’idée figurait déjà dans le plan d’origine de Messel, et le retour au genius loci a été favorisé par le jury qui a vu dans les plans d’Oswald Mathias Ungers le plus grand respect pour les idées de son prédécesseur. Réunissant, les ailes nord et sud du musée, une structure transparente servira de support pour accueillir les fragments architecturaux de la collection égyptienne aujourd’hui abritée à Charlottenbourg. La construction formera ainsi une quatrième aile qui remplira la fonction originale du portique initialement prévu par Messel. La future colonnade ouverte du rez-de-chaussée fait d’ailleurs référence au plan de 1906. Elle permettra aux visiteurs d’accéder directement à la cour centrale et à l’entrée principale du musée. Le projet d’un petit temple dessiné par Messel pour abriter les guichets donnera, lui, naissance à une structure moderne. Alternant structures blanches et transparentes, le dessin d’Ungers prend en compte l’axe principal du musée qui culmine dans la salle du célèbre Autel de Pergame.

La victoire d’Oswald Mathias Ungers peut surprendre. Si le nom de l’architecte est associé à la modernité de son design, son respect du plan de Messel lui a permis de conquérir le jury. Ne reconnaît-il pas une véritable passion pour le Pergamonmuseum, “bâtiment incroyablement solide, puissant, invincible” ? Il s’y rend régulièrement en pèlerinage avec ses étudiants depuis quarante ans. Il pourra maintenant y retourner à loisir. Les travaux, qui ne commenceront pas avant 2005, pourraient s’achever à 2009.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°113 du 20 octobre 2000, avec le titre suivant : Le génie du lieu

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