Shanghai sous surveillance

La troisième biennale s’ouvre à l’art international

Le Journal des Arts

Le 20 octobre 2000 - 476 mots

Pour sa troisième édition, la Biennale de Shanghai devient internationale en accueillant commissaires et artistes étrangers. Si elle fait preuve d’ouverture dans cette ville qui tente aujourd’hui de rivaliser avec Hongkong, la manifestation est pourtant toujours contrôlée par les dirigeants communistes qui imposent parfois leur loi.

SHANGAI (de notre correspondant) - La Biennale de Shanghai nouvelle formule est cette année accueillie par le tout récent Musée d’art de Shanghai, la terminologie chinoise étant plus précise puisqu’elle différencie le Shanghai Meishuguan ou “salle des arts” et le Shanghai Bowuguan ou “salle des objets précieux”. Le musée est installé dans un bâtiment Art déco, qui abritait autrefois la bibliothèque de la ville. Ce musée d’art aura pour vocation d’exposer des œuvres d’art post-impériales – c’est-à-dire datant d’après 1911 – et étrangères.

Les commissaires de la biennale sont le Japonais Shimizu Toshio et le Chinois – vivant à Paris – Hou Hanru, officiellement assistés de Zhang Qing et de Li Xu, délégués par le musée. Le titre de la biennale, “Shanghai Spirit” (et son équivalent chinois Haishang, en référence au nom que portait la ville avant la colonisation), évoque les années vingt et trente, lorsque Shanghai était le centre artistique de l’Asie.

La première liste d’artistes dressée par Hou Hanru laisse espérer une exposition d’art contemporain de très haute tenue, avec des artistes inédits en Chine, tels que Matthew Barney, Cai Guo Qiang, Philip-Lorca DiCorcia ou On Kawara. Mais la biennale est “supervisée” par le Shanghai Cultural Bureau, des communistes dogmatiques qui avaient, en 1997, entraîné la débâcle de l’Opéra de Kunqu en interdisant à un groupe d’avant-garde de participer au festival “Next Wave” de la Brooklyn Academy of Music. Malgré tous les efforts entrepris par la Ville de Shanghai, la censure est tellement sévère que l’Opéra n’offre que rarement des représentations. Comme souvent dans la Chine communiste, la politique se mêle de la culture. Un adjoint au maire a exigé du musée qu’il se pare de marbre blanc et de chrome afin que les “étrangers puissent voir que nous sommes vraiment un musée moderne”. Xu Jiang, le directeur de la plus grande école d’art de Chine, l’Académie du Zhejiang, mais aussi neveu du président chinois Jiang Zemin, a également participé au débat, tout comme l’un des principaux médiateurs avec les autorités, Bonko Chan, le millionnaire érudit à qui l’on doit l’Opéra de Shanghai. Il est intervenu plusieurs fois dans l’organisation de la biennale, bien qu’il n’y soit pas officiellement impliqué, demandant que certains artistes soient présentés. Il est de notoriété publique qu’il n’apprécie pas les conservateurs du musée d’art, auxquels il reproche leur “timidité”. Ces derniers continuent toujours à exposer, par exemple, les portraits de propagande de Mao, de Deng Xiaoping et autres.

- BIENNALE DE SHANGHAI, du 6 novembre au 7 janvier 2001, Shanghai Art Museum, 325 Nanjing West Road, Shanghai, tél. 86 21 6327 4896, www.sh-artmuseum.org.cn

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°113 du 20 octobre 2000, avec le titre suivant : Shanghai sous surveillance

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