Art d’après guerre et contemporain

La peau de l’ours

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 27 février 2008 - 425 mots

Christie’s enregistre deux records pour Richter et Fontana et frôle un record pour Bacon, victime de son effet d’annonce.

Défilé médiatique
Triptyque 1974-77, œuvre de Francis Bacon estimée 25 millions de livres (33,5 millions d’euros), était annoncée comme un futur record pour l’artiste par la maison de ventes. Bacon a peint moins de trente triptyques dont au moins la moitié sont encore en main privée. Celui-ci était « le plus important apparu aux enchères », avait déclaré Pilar Ordovas, directrice du département d’art d’après guerre et contemporain de Christie’s Londres, lors de la promotion de l’œuvre. Depuis trois ans, la cote de Bacon ayant progressé de façon exponentielle, la maison était confiante. Sauf que ce présage d’un futur record a eu pour effet de décourager des amateurs, attirant en outre un défilé médiatique effrayant et continuel, avec des caméras et des objectifs venus du monde entier braqués sur le triptyque, pendant toute la durée de l’exposition. Certains collectionneurs ont avoué avoir déclaré forfait avant la vente. Le triptyque a finalement été vendu 26,3 millions de livres (51,7 millions de dollars/35,2 millions d’euros), frôlant le record pour l’artiste. L’œuvre la plus chère de Bacon reste donc toujours Study from Innocent X (1962), adjugée 52,7 millions de dollars (36 millions d’euros) le 15 mai 2007 à New York chez Sotheby’s. Selon le courtier américain Christopher Eykyn, « le prix du triptyque, bien qu’inférieur à ce qu’avait prévu Christie’s, est tout de même un résultat considérable pour Bacon. Il y a encore un an et demi, on n’aurait jamais imaginé que Bacon puisse atteindre une telle cote. » Ajoutant : « À partir de 50 millions de dollars, quelle que soit l’œuvre d’art, le nombre de collectionneurs se réduit. »
La vente a par ailleurs été satisfaisante pour des œuvres majeures et inédites. Ainsi, un acheteur privé américain a emporté Zwei Liebespaare (1966), tableau la période « Pop » de Gerhard Richter, pour 7,3 millions de livres (9,7 millions d’euros), un record pour l’artiste. Concetto spaziale, Attesa (1965), de Lucio Fontana, tableau monumental peint en rouge et éventré sur un mètre, dédicacé à sa femme Teresita et estimé au mieux 5,5 millions de livres (7,4 millions d’euros), a été adjugé au prix record de 6,7 millions livres (9 millions d’euros).

CHRISTIE’S Vente du soir, 6 février
- Expert : Pilar Ordovás
- Estimation : 69 à 97 millions de livres (93 à 130 millions d’euros)
- Résultat : 73 millions de livres (97,5 millions d’euros)
- Nombre de lots vendus/invendus : 37/17
- Lots vendus : 68,5 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°276 du 29 février 2008, avec le titre suivant : La peau de l’ours

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