Art impressionniste et moderne

Les expressionnistes au top

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 27 février 2008 - 762 mots

La saison londonienne des ventes d’art moderne s’est révélée une fois de plus exceptionnelle. L’art allemand et autrichien en ont été les vedettes.

LONDRES - Les excellents résultats des ventes d’art impressionniste et moderne enregistrés à Londres les 4 et 5 février chez Sotheby’s et Christie’s ont vite chassé les inquiétudes relatives aux récentes agitations boursières. Dans une conjoncture qui ne semblait pas a priori favorable, les maisons de ventes avaient un peu levé le pied sur les « deals agressifs », telles les garanties de prix et les avances sur vente. Mais le marché est resté extrêmement fort et sélectif, sanctionnant les estimations trop ambitieuses et les œuvres de qualité insuffisante.
Chez Christie’s, 105 millions de livres sterling (140 millions d’euros) ont été engrangés en un soir. Femme au chapeau (1938), de Pablo Picasso, a décroché la meilleure enchère, 5,7 millions de livres (7,6 millions d’euros), au-delà de l’estimation haute, tandis que L’Ouled Naïl (1910) de Kees Van Dongen, provenant de la collection Wohl, atteignait 5,6 millions de livres (7,4 millions d’euros), soit le double de l’estimation et un prix record pour l’artiste. 83 % des acheteurs étaient européens, 2 % asiatiques et seulement 15 % américains. « Ce n’est pas surprenant, note Thomas Seydoux, directeur Europe du département d’art impressionniste et moderne de Christie’s. D’une part, on était en plein Super Tuesday [primaires américaines]. D’autre part, les œuvres proposées, soit une large sélection de tableaux allemands et autrichiens ainsi que des œuvres surréalistes, ne sont pas la tasse de thé des Américains, sans oublier l’effet d’un dollar faible. »

Un rare grattage de Max Ernst
Jeune fille au nœud rouge (1911) par Alexej von Jawlensky, provenant également de la collection Wohl, s’est vendue 2,9 millions de livres (3,9 millions d’euros), à son estimation haute, soit le deuxième prix pour l’artiste aux enchères. Quatre œuvres de Karl Schmidt-Rottluff de la collection du Dr. Wilhelm Niemeyer ont fait de très beaux prix, à l’instar de Akte im Freien (Drei badende Frauen) (1913), vendue 3 millions de livres (4 millions d’euros), et de Grüner Kopf (1916-1917), partie pour 1,4 million de livres (1,9 million d’euros), soit respectivement deux prix records pour une peinture et une sculpture de l’artiste. Un bel ensemble de huit œuvres sur papier d’Egon Schiele s’est envolé à 11,6 millions de livres (15,4 millions d’euros), contre une estimation globale de 7,6 millions de livres (10,2 millions d’euros). La soirée s’est achevée sur la dispersion d’une trentaine d’œuvres surréalistes. Notons la vente du Printemps (1965) de René Magritte pour 2,7 millions d’euros (3,6 millions d’euros) et de La Conversion du feu, un rare grattage de Max Ernst, pour 1,2 million de livres (1,6 million d’euros), un record pour un tableau de cet artiste.
Le lendemain soir chez Sotheby’s, un montant spectaculaire de 116 millions de livres (154 millions d’euros) de produit de ventes a hissé la vacation au premier rang des ventes d’art en valeur pour l’auctioneer en Europe. Cinq lots ont dépassé la barre des 5 millions de livres (6,6 millions d’euros). Les peintres expressionnistes y étaient à l’honneur, à commencer par Chevaux paissant III (1910), rare et emblématique tableau de Franz Marc qui s’est envolé au prix record de 12,3 millions de livres (16,4 millions d’euros), le double de son estimation basse. Le deuxième prix est revenu à Schokko (1910), huile sur toile de Jawlensky poussée par plusieurs enchérisseurs européens déterminés jusqu’à 9,4 millions de livres (12,5 millions d’euros), autre record. Ces deux tableaux ont presque éclipsé le Portrait de Dora Maar (1938), de Pablo Picasso, issu de la célèbre collection Heinz Berggruen, emporté dans son estimation par un particulier américain pour 7,4 millions de livres (9,8 millions d’euros). Pour le même prix, un amateur européen s’est offert La Loge ou l’Avant-Scène, huile sur toile de Pierre Auguste Renoir dont une autre version est considérée comme l’un des chefs-d’œuvre impressionnistes de l’Institut Courtauld à Londres. Son nouveau propriétaire a accepté de prêter l’œuvre à l’institution le temps de l’exposition sur « Renoir au théâtre », qui y est présentée jusqu’au 25 mai.

Christie’s Vente du soir art surréaliste, 4 février
- Expert : Olivier Camu
- Résultat : 105 millions de livres (140 millions d’euros)
- Nombre de lots vendus/invendus : 100/31
- Lots vendus : 76 %
- Prix moyen du lot : 1,4 millions d’euros
Sotheby’s
Vente du soir, 5 février
- Expert : Simon Shaw
- Résultat : 116 millions de livres (154 millions d’euros)
- Nombre de lots vendus/invendus : 67/9
- Lots vendus : 88 % - Prix moyen du lot : 2,3 millions d’euros

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°276 du 29 février 2008, avec le titre suivant : Les expressionnistes au top

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