Fauvisme

Un instinct sans surprise

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 27 février 2008 - 493 mots

Première rétrospective parisienne depuis 1956 pour Maurice Vlaminck.

PARIS - Décédé il y a tout juste cinquante ans, Maurice Vlaminck (1876-1958) n’avait pas fait l’objet d’une exposition monographique à Paris depuis 1956. L’Institut Wildenstein, à Paris, s’apprêtant à publier le premier tome d’un catalogue raisonné, volume consacré à la période fauve, le Musée du Luxembourg, à Paris, accueille un hommage au peintre conçu par Maïthé Vallès-Bled, directrice du Musée de Lodève (Hérault). Cette spécialiste de l’artiste s’est penchée sur une période brève, comprise entre 1900 et 1915, mais significative dans la carrière de l’artiste.
Des débuts fauves aux paysages suburbains de la Première Guerre mondiale, sans oublier les incursions cézanniennes et les céramiques, ce panorama chronologique révèle la mutation fulgurante du style de l’artiste. Comparse d’André Derain et admirateur de Van Gogh, Vlaminck était le plus sauvage des fauves, contenant difficilement sa hardiesse picturale. Miroirs d’une époque aux fréquentations nocturnes effrénées – dont l’exemple le plus saisissant est un portrait de femme, cigarette au bec et maquillage outrancier (Sur le zinc) –, les premières toiles sont un terrain d’explorations expressionnistes. Celles-ci seront vite abandonnées au profit de paysages et natures mortes d’inspiration cézannienne insipides. Une fois déserté par sa fougue de jeunesse, Vlaminck se révèle un éternel apprenti, écrasé par les influences, en hésitation permanente. Même les pièces d’art primitif lui ayant appartenu – parmi lesquelles une superbe frise malangan figurant plus tard dans la collection Vérité –, soulignent son incapacité à transcender cette inspiration, à l’inverse de Picasso ou Modigliani.
S’il propose quelques instants de pur délice, l’accrochage met malheureusement en évidence la difficulté croissante à obtenir des prêts d’importance, en particulier pour le Musée du Luxembourg qui n’a pas de collections à offrir en échange, et a fortiori pour cette exposition dénuée d’ambition scientifique. Quelques tableaux majeurs manquent à l’appel, comme le Restaurant de la Machine à Bougival, du Musée d’Orsay, à Paris, ou La Maison bleue du Minneapolis Institute of Arts. Pis encore, certaines toiles de facture moyenne en invoquent d’autres de plus grande qualité. Le Remorqueur, confiée par une collection particulière, est une version affaiblie du Remorqueur sur la Seine, Chatou (National Gallery of Art de Washington), tout comme La Seine Le Pecq (1905, Kunsthaus de Zurich) semble maladroitement remplacer Le Pont de Chatou (1906, Musée de l’Annonciade à Saint-Tropez). Fort heureusement, quelques perles issues de collections particulières viennent illuminer par endroits le parcours, ainsi de la délicate Fille du rat mort, des Fleurs, symphonie en couleur, à la limite de l’abstraction, ou encore de la foule bariolée du Pesage.

VLAMINCK, UN INSTINCT FAUVE, jusqu’au 20 juillet, Musée du Luxembourg, 19, rue de Vaugirard, 75006 Paris, tél. 01 45 44 12 90, le lundi et vendredi 10h30-22h, le mardi, mercredi, jeudi et samedi 10h30-19h, le dimanche 9h-19h, ouverture dès 9h du jeudi 1er mai au lundi 12 mai, 9h-19h le 24 mars, le 12 mai et le 14 juillet, www.museeduluxembourg.fr. Catalogue, coéd. sVo/Skira, 224 p, ISBN 978-88-6130-684-4, 34 euros.

VLAMINCK

- Commissaire : Maïthé Vallès-Bled ; conservatrice en chef du patrimoine, directrice du Musée de Lodève
- Nombre d’œuvres : une centaine, parmi lesquelles des céramiques et des objets d’art africain
- Organisation : Sylvestre Verger Organisation (sVo)
- Scénographie : Hubert Le Gall

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°276 du 29 février 2008, avec le titre suivant : Un instinct sans surprise

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