Zurbarán, les quinze dernières années

Bilbao met en exergue ses dernières œuvres

Le Journal des Arts

Le 17 novembre 2000 - 433 mots

Une trentaine d’œuvres provenant à la fois de musées espagnols et internationaux, et de collections privées brossent un panorama des quinze dernières années (1650-1664) de l’œuvre de Francisco de Zurbarán. L’exposition du Musée des beaux-arts de Bilbao se concentre ainsi sur le tournant stylistique de la carrière du maître espagnol du XVIIe siècle.

BILBAO (de notre correspondant) - L’exposition s’ouvre sur la période sévillane de Francisco de Zurbarán (Fuente de Cantos-Badajoz, 1598 – Madrid, 1664) avec L’Annonciation (1650), conservée à Philadelphie, Le Christ portant la Croix (1653), prêtée par la cathédrale d’Orléans et L’Immaculée Conception enfant (1656), de la collection Arango. C’est après ces œuvres, vers 1658, que débute la production des années madrilènes consacrant un changement de style et une plus grande attention aux sujets de dévotion. Cette dernière période de Zurbarán ne jouit pas de la même faveur critique que sa production précédente : le clair-obscur de son style, le vigoureux volume de ses personnages, l’intensité naturaliste de ses natures mortes ainsi que ses nombreuses commandes ont procuré une reconnaissance certaine à son atelier. À Madrid, il déploie une peinture différente du Baroque émergent et plus apparentée à la Renaissance classique : une gamme chromatique et des formes expressives sereines et plus subtiles. Ce renouveau stylistique s’incarne dans son célèbre tableau Saint Hugues au réfectoire des chartreux (1655), conservé au Musée des beaux-arts de Séville. Il confère aux visages de ses personnages une densité mystique que peu d’artistes ont réussi à représenter.

Au cours de cette même période, Zurbarán recrée des sujets mariaux en y intégrant des natures mortes. L’Immaculée Conception (1661) de la mairie de Langon dévoile une Vierge enfant – thème auquel il recourra pour d’autres œuvres. Le lyrisme de ce tableau est accentué par les gammes d’ocres, de bleus et de blancs autant que par la vivacité ondulante du manteau – lyrisme proche d’un Baroque poétique triomphant dans le contexte de son époque. La tension dans la composition délicate de ces œuvres – dont La Vierge enfant en train de coudre (1660) fait partie – surprend par le contraste entre les visages paisibles des vierges empreintes de spiritualité et ceux des enfants qui paraissent vieillis. La structure de la composition héritée de la Renaissance et l’usage tamisée de la lumière et de la couleur ajoutent un nouvel élan de beauté classique à des œuvres telles La Vierge à l’Enfant endormi (1659) et La Vierge à l’Enfant avec Jean (1659).

- ZURBAR�?N. LES DERNIÈRES ŒUVRES (1650-1664). Jusqu’au 14 janvier, Musée des beaux-arts, plaza del Museo 2, Bilbao, tél. 34 94 439 60 60, tlj sauf mardi, 10h-13h30, 16h-19h30, www.museobilbao.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°115 du 17 novembre 2000, avec le titre suivant : Zurbarán, les quinze dernières années

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