Erotisme chinois

Deux musées ravivent la tradition

Le Journal des Arts

Le 1 décembre 2000 - 372 mots

La Chine détient l’une des plus vieilles traditions du monde en art et en littérature érotiques, rivalisant avec celle du Japon. Un nouveau musée à Shanghai, consacré à la culture sexuelle chinoise, ainsi que le Musée de Xindu, enrichi d’une œuvre supplémentaire, exhibent ce que des siècles d’histoire avaient dissimulé.

SHANGHAI (de notre correspondant) - En dépit des manières libres du peuple chinois, le discours officiel est resté figé dans la pruderie de l’ère victorienne et les communistes se sont bien gardés d’attirer l’attention sur la réapparition des traditions sexuelles chinoises. Et cependant, l’ouverture, à Shanghai, d’un musée privé consacré à la littérature érotique ancienne est un premier pas vers ce nouveau phénomène. Les locaux du Musée de la culture sexuelle chinoise ne sont, certes, pas vastes – quelques salles dans un immeuble de bureaux – mais ses collections, fruits d’une décennie d’acquisitions par Liu Dalin, professeur de sociologie à la retraite, couvrent près de deux millénaires d’histoire. Les quelque 1 200 œuvres d’art au nombre desquelles figurent des bronzes phalliques rituels de la dynastie Han (206 avant J.-C à 220) et de gravures érotiques de la dynastie Ming (1368-1644) constituent les collections du musée.

Les traditions sexuelles chinoises ont aussi été révélées par la réapparition d’une série de panneaux de brique datant de la dynastie Han. Déterrés de la tombe d’un homme riche, ils avaient été utilisés par un paysan pour construire une porcherie. Redécouverts par des fonctionnaires locaux dans les années quatre-vingt, ils sont désormais exposés au Musée du comté de Xindu, dans la province du Sichuan. Les panneaux représentant des scènes de ménage à trois dans diverses positions acrobatiques, reflètent une recommandation taoïste consistant en une activité sexuelle vigoureuse comme forme de thérapie spirituelle. Mao Tsé-toung pratiquait lui-même cette sexualité taoïste – en particulier l’exhortation selon laquelle, pénétrer de multiples partenaires sans éjaculer prolonge la vie et augmente l’intelligence. Il avait cependant proscrit les œuvres d’art érotiques, sous prétexte qu’elles étaient pornographiques et beaucoup ont été brûlées pendant la Révolution culturelle.

Il semble que le seul bouche à oreille attire des milliers de touristes dans le musée de Xindu, pourtant mal situé.

- Musée de la culture sexuelle chinoise, 475 Nanjing East Road, Shanghai, tlj de 10h à 19h

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°116 du 1 décembre 2000, avec le titre suivant : Erotisme chinois

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