Le British Museum joue dans la Grande Cour

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 1 décembre 2000 - 698 mots

Autrefois inaccessible au public, la place d’un hectare située au centre du British Museum est devenue, grâce aux services de Norman Foster, le \"plus grand jardin couvert d’Europe\". Étape décisive dans la modernisation de l’institution, elle dessert de nouveaux espaces largement consacrés au public, autour de la légendaire Round Reading Room édifiée en 1857.

LONDRES (de notre correspondant) - La construction de la Great Court est avant tout l’histoire d’un transfert réussi : après des années de tergiversations, la British Library a finalement emporté ses derniers ouvrages à Saint Pancras en 1998. Le déménagement a permis de libérer la Round Reading Room, grande salle de lecture située au cœur même du bâtiment du British Museum, ainsi que les pièces et réserves qui lui sont attenantes. La cour était cachée au public depuis environ cent cinquante ans, la surface de près d’un hectare lui est désormais accessible. Pour le musée, qui accueille aujourd’hui quelque 5,5 millions de visiteurs par an, ce fut l’occasion de créer de nouveaux services, d’augmenter les espaces d’exposition et d’améliorer la circulation au sein de son immense bâtiment. Autant de mesures dont l’institution avait désespérément besoin. Il revient à Robert Anderson (lire notre entretien) d’avoir rédigé en 1993, un an après son arrivée à la direction de l’établissement, le premier projet détaillé de la Great Court. À charge pour Norman Foster, qui a remporté le concours d’architecture en 1994, de relever le défi. Impressionnante par sa surface, la verrière de la cour repose aujourd’hui sur une structure d’acier de 11 km, soutenant 315 tonnes de verre.

Si les travaux de couvrement ont commencé en septembre 1999, le musée a décidé de ne pas fermer ses salles durant le chantier et la majeure partie du bâtiment est restée ouverte aux visiteurs. Malgré la présence imposante d’une grue, la fermeture partielle de la première cour et les travaux de restauration du hall d’entrée, la plupart des visiteurs n’auront même pas remarqué qu’un projet d’un coût de 100 millions de livres (plus d’un milliard de francs) était en cours. Mais, pour le musée, l’organisation aura été particulièrement complexe. Il a même fallu entreprendre des fouilles afin d’exhumer les fondations de la Montagu House, construite en 1675 et qui a accueilli le premier musée en 1754. Lorsque la Great Court ouvrira ses portes au public le 7 décembre, les visiteurs graviront les marches de la façade construite en 1850 par Robert Smirke, et entreront dans le Great Hall, auquel on a rendu ses couleurs d’origine. Ils arriveront ensuite au portique sud qui vient tout juste d’être construit. Mais le choix d’une pierre française, à la place de la pierre de Portland, pour son édification n’a pas manqué de soulever une polémique : sa couleur est considérablement plus pâle que celle de la pierre adjacente patinée par l’érosion. Le mois dernier, l’ancien directeur de l’English Heritage, sir Jocelyn Stevens, a déclaré que le portique devrait être démoli et a estimé que le président du British Museum, Graham Greene, devrait démissionner. Le 8 décembre, le Camden Council devra décider si l’utilisation de pierre d’origine française est conforme aux règlements du service d’urbanisme.

Mais l’espace est déjà qualifié de “plus grand jardin couvert d’Europe”. La cour accueillera aussi des boutiques et un café qui resteront ouverts en soirée. Au centre, la légendaire Round Reading Room, dont la façade a été ravalée et l’intérieur restauré, a été transformée en bibliothèque de musée et en centre d’information pour le public. Deux cages d’escalier enroulées autour du tambour de la Reading Room conduisent à l’extension elliptique qui accueille la Great Court Gallery (destinée aux expositions temporaires), un restaurant et une passerelle permettant l’accès à la partie nord du musée. Les galeries africaines sont, elles, installées en entresol, sous la cour, avec les locaux prévus pour les activités pédagogiques. Mais le chantier du British n’est pas fini : la King’s Library, fraîchement restaurée, ouvrira en 2002. Quant à l’ouverture de la Galerie d’ethnographie dans la North Library, elle est prévue pour 2003.

BRITISH MUSEUM, Great Russel Street, Londres, Musée, tlj 10h-17h30, jeudi et vendr., 10h-20h30 ; Great Court, lundi au mercr., 9h-21 h, jeudi au samedi, 9h à 23 h, dim., 9h à 18 h, ww.thebritishmuseum.ac.uk

Une exposition aux confluences

Exposition inaugurale de la Great Court, "Image humaine" prend pour sujet une problématique commune aux différentes civilisations présentées par le British Museum. De la préhistoire, à la Chine et au Niger contemporains, la manifestation regroupe, par-delà des siècles et des continents, une sélection d’œuvres autour de la représentation du corps humain. La création ou la dévotion sont autant de thèmes invoqués ici pour fédérer les dix départements du musée dans une exposition pluridisciplinaire, tendance que la direction du musée souhaite favoriser.
HUMAN IMAGE, du 7 décembre au 11 février 2001, 10h-17h30 du samedi au mercredi, 10h-20h30, les jeudis et vendredis.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°116 du 1 décembre 2000, avec le titre suivant : Le British Museum joue dans la Grande Cour

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