Warburg et l’iconologie

Le Journal des Arts

Le 15 décembre 2000 - 350 mots

On attribue à Aby Warburg (1866-1929) la fondation d’une discipline nouvelle : l’iconologie, que Panofsky aurait ensuite théorisée et illustrée.

En fait, Warburg employait indifféremment les termes “iconologie” ou “iconographie” pour désigner la description et le classement du contenu des œuvres en vue de leur compréhension. Pour Panofsky, l’iconographie se contente de décrire ce que l’œuvre représente et l’iconologie la considère comme le symptôme d’une situation culturelle ou spirituelle donnée. Jan Bialostocki a rappelé que si l’iconographie a une fonction analytique, l’iconologie a une visée synthétique : Bialostocki lui-même ainsi que Werner Hofmann et William S. Heckscher comptent parmi les rares historiens qui aient adopté souvent avec talent la méthode de Panofsky, les deux premiers l’appliquant au XIXe siècle. Les “Études de la Bibliothèque Warburg” publiées par Fritz Saxl ont édité toute une série d’ouvrages consacrés à l’iconographie.

C’est dans son livre sur Les Primitifs flamands (1953) que Panofsky a mis en œuvre son déchiffrement du “disguised symbolism”, considérant que les objets réalistes dans les tableaux de Jan Van Eyck ou du Maître de Flémalle servaient de “déguisements” à des symboles. Or, le choix de déguisements réalistes ne rend-il pas l’opération elle-même peu probable ? En tous les cas, la critique la plus forte est venue de l’anthropologie historique : ce serait les conventions sociales et la vie quotidienne qui expliqueraient la fonction symbolique de tel objet représenté (Jan Baptist Bedaux). D’une façon très intéressante, on constate que cette anthropologie réactive les préoccupations de Warburg : dans l’étude de l’art italien, un Peter Burke ou un Carlo Ginzburg accordent la plus grande attention aux détails, aux accessoires, aux formes de communication non verbales. Svetlana Alpers (L’Art de dépeindre la peinture hollandaise au XVIIe siècle, 1983) veut réhabiliter cet art en tant que “culture visuelle”, mettant fin à l’hégémonie du modèle italien dont l’art narratif se situerait ainsi à l’opposé de l’art descriptif des images “non-albertiennes” du Nord.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°117 du 15 décembre 2000, avec le titre suivant : Warburg et l’iconologie

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