Une « capitale » décevante

Prague ne réussit pas à tenir son rang européen

Le Journal des Arts

Le 15 décembre 2000 - 440 mots

Était-ce la bonne année pour mettre Prague à l’honneur ? De nombreux musées de cette capitale européenne de la culture sont fermés ou en cours de réaménagement. Ce désordre, qui découle peut-être de l’absence d’une direction stable à la tête des collections nationales, est cependant racheté par l’exposition de la Galerie nationale d’art moderne et contemporain.

PRAGUE (de notre correspondante) - Quel constat peut-on faire des principaux musées praguois ? Au palais Sternberg, qui abrite la Galerie nationale d’art ancien et ses collections du XVIe au XVIIIe siècle, seules quatre salles sont accessibles. Quelques chefs-d’œuvre y sont présentés – tels les tableaux de la collection d’Este – mais le Martyre de saint Thomas de Rubens a été jugé “trop grand pour être accroché provisoirement”. Le palais devrait être inauguré au printemps, cependant, l’état du bâtiment ne laisse pas présager une réouverture si prochaine. Le Musée des arts décoratifs ne permet de voir que de rares costumes et verreries. Le visiteur, pris au dépourvu, ne peut ainsi se faire une idée de la richesse de la collection. Dans ce panorama, le palais Veletrzni est une exception. Ce musée d’art moderne et contemporain a été entièrement réaménagé. Milan Knizak, directeur de la Galerie nationale, était en effet décidé à rompre avec les anciennes structures, à ses yeux socialistes et “néfastes”, et a ainsi accordé davantage d’importance aux artistes. Ce nouvel accrochage – qui permet au visiteur de mieux apprécier des peintres tchèques tels que Kupka, Filla et Gutfruend – a donné naissance à l’exposition “Vincenc Kramar : des maîtres anciens à Picasso”, œuvres réunies par le directeur du Musée national de Prague entre 1919 et 1939.

Communiste engagé, Vincenc Kramar fut démis de ses fonctions lorsque les nazis ont envahi le pays. À titre privé, il a collectionné des œuvres de maîtres anciens, de contemporains tels Picasso, Braque et Gris, et a soutenu le travail de ses compatriotes, Filla, Kubista, Capek, Zrzavy et Spala. Les passions de Kramar ont fait de lui le successeur idéal des fondateurs, au XVIIIe siècle, des collections nationales. Ses acquisitions pour les musées incluent des œuvres de peintres du style gothique international, La Madone aux guirlandes de roses, de Dürer – fierté de la galerie –, des tableaux des maniéristes de la cour du roi Rodolphe, et d’artistes baroques aussi renommés que Brandl. À sa mort en 1960, il a légué un tiers de sa collection cubiste à l’État. L’exposition du palais Veletrzni apaise par sa qualité, la confusion régnant à Prague.

- Vincenc Kramar : des maîtres anciens À Picasso, jusqu’au 28 janvier, palais Veletrzni, Dukelskych hrdinu 47, Prague. tél. 42 02 24 30 11 11

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°117 du 15 décembre 2000, avec le titre suivant : Une « capitale » décevante

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