Mobilier classique : risque de surchauffe ?

Le Journal des Arts

Le 5 janvier 2001 - 442 mots

22 millions de francs au marteau pour une commode à double ressaut en placage de bois tabac teinté, estampillée J. F Leleu provenant des collections du marquis de Brunoy. Cette enchère exceptionnelle prononcée le 20 décembre à Drouot par Me Picard (étude PIASA) fut pendant quelques heures la plus haute enchère française de l’année 2000, toutes spécialités confondues. Elle a été dépassée le soir même par une paire de cabinets par Étienne Levasseur, marquetés dans le goût de Boulle, qui a été enlevée à 25,4 millions de francs chez Tajan lors d’une vente organisée à l’hôtel George-V qui a engrangé 60 millions de francs de produit. Ces résultats illustrent le climat d’euphorie qui s’est emparé du marché du mobilier français. Au mois de mars, une chaise estampillée Jacob, commandée par Marie-Antoinette, appartenant à la collection de la comtesse Greffulhe, s’est envolée à 2,3 millions de francs sous le marteau de Me Binoche, établissant un record mondial pour une chaise. Paris n’a évidemment pas eu le monopole de ces prix élevés. Christie’s s’est distinguée de sa rivale Sotheby’s par l’importance des collections dispersées. Celle des Riahi a obtenu en novembre à New York plus de 40 millions de dollars de produit (environ 310 millions de francs) : un record mondial pour une vente privée de mobilier français. Celle de Karl Lagerfeld a recueilli plus de 155 millions de francs à Monaco en avril. Loin devant les 5,7 millions de livres sterling (61 millions de francs) réalisés à Londres chez Sotheby’s en décembre par “la collection d’un grand amateur français”. L’année 2000 a été marquée par un engouement tout particulier pour les meubles d’André Charles Boulle dont les dispersions ont été saluées par des enchères de haute volée : 5,7 millions de dollars (44 millions de francs) pour une table de milieu d’époque Louis XIV réalisée vers 1685 (2 novembre, collection Riahi), 1,8 million de francs pour une suite de quatre appliques d’époque Louis XV (24 juin, Sotheby’s Monaco), 685 000 livres (plus de 7 millions de francs) pour une commode en forme d’arche (7 décembre, Sotheby’s Londres). Ces prix très élevés s’expliquent d’abord par les richesses immenses accumulées ces dernières années par des collectionneurs qui se disputent des pièces très rares. Elles témoignent aussi, sans doute, d’un déplacement des gains boursiers vers le marché de l’art et vers le mobilier français haut de gamme. Faut-il redouter une crise ? Hervé Aaron nuance  : “Je suis un peu dépassé par ces enchères. Je ne pense pas qu’elles vont se poursuivre à ce rythme. Il n’y a cependant pas de risque d’écroulement. Le marché est beaucoup plus sain qu’en 1989. La spéculation a disparue”, souligne-t-il.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°118 du 5 janvier 2001, avec le titre suivant : Mobilier classique : risque de surchauffe ?

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