Voguent les pirogues

Carnavalet réaménage ses collections archéologiques

Le Journal des Arts

Le 5 janvier 2001 - 525 mots

À la densité des anciennes salles archéologiques a succédé la galerie lumineuse de l’orangerie du Musée Carnavalet, un édifice du XVIIe siècle restauré et réaménagé pour y présenter l’Antiquité parisienne. Grâce notamment aux pirogues néolithiques et à une partie des objets découverts lors des fouilles de Bercy, cet agrandissement rend compte des bouleversements dans la connaissance de l’histoire de Paris, provoqués par les découvertes des dix dernières années.

PARIS - Quoiqu’on pense du réaménagement du quartier de Bercy, les fouilles de sauvetage, menées à cette occasion en 1991 et 1992, ont donné lieu à des découvertes archéologiques fondamentales pour l’histoire de Paris. Elles ont ainsi mis en évidence l’existence d’un village néolithique sur les berges de la Seine, alors qu’auparavant les traces d’une implantation durable du territoire parisien remontaient au Ier siècle av. J.-C. Soudain, la capitale vieillissait de 4 000 ans. Certes, la campagne menée au Carrousel du Louvre avait permis d’exhumer quelques fosses et du mobilier des âges du Bronze et du Fer, ainsi que du Néolithique ; mais ces découvertes paraissent anecdotiques à côté de celles réalisées à Bercy. Parmi les milliers d’objets récoltés par les archéologues figurent les déjà fameuses pirogues en chêne, qui sont enfin présentées au public, après plusieurs années de traitement à l’atelier régional de conservation Nucléart, à Grenoble, spécialisé dans la conservation des matériaux organiques gorgés d’eau.

Le projet d’un musée de site à Bercy ayant été abandonné, faute d’une réelle volonté politique, ce matériel a été confié au Musée Carnavalet et a servi de départ à un réaménagement de ses collections archéologiques. La présentation des pirogues étant impossible dans les espaces existants, l’orangerie de l’hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau, l’un des rares exemples du XVIIe siècle subsistant intacts à Paris, a été restaurée sous la direction de Jean-François Lagneau, architecte en chef des monuments historiques. L’ancien dépôt lapidaire s’est ainsi mué en une vaste galerie lumineuse dotée d’une muséographie sobre et clairement articulée. Après le Néolithique, une brève parenthèse constituée par des objets des âges du Bronze et du Fer, introduit brusquement à l’époque gallo-romaine. Des anciennes salles consacrées à l’Antiquité a été conservée la plus grande partie des sculptures de cette période ; malgré les reliefs du monument aux armes de Mars, l’espace ne permet pas une plus large évocation des aspects monumentaux de l’art gallo-romain à Lutèce. En revanche, la collection s’est enrichie grâce aux fouilles réalisées par la Commission du Vieux Paris d’une peinture murale décorative, retrouvée rue Amyot dans le Ve arrondissement.

Pour l’ensemble de cette opération, qui comprend les travaux de l’orangerie mais aussi la restauration des pirogues et la création d’un nouveau dépôt à Bercy, la Ville a investi 14,1 millions et l’État a participé à hauteur de 2 millions. La mise en valeur de l’importante collection médiévale appelle un effort renouvelé pour achever de donner un panorama complet de six mille ans d’histoire.

- Musée Carnavalet, 23 rue de Sévigné, 75003 Paris, tél. 01 44 59 58 58.
- À lire : Philippe Marquis et Yves Lanchon, Le Premier Village de Paris, il y a 6 000 ans, les découvertes archéologiques de Bercy, éd. Paris-Musées, 96 p., 100 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°118 du 5 janvier 2001, avec le titre suivant : Voguent les pirogues

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