Halevim soigne sa sortie

Sa collection de tapis a obtenu 37 millions de francs

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 2 mars 2001 - 527 mots

Doué d’un œil très sûr, le marchand Davide Halevim est aussi un metteur en scène hors pair. La dispersion de sa collection de tapis anciens, le 14 février à Londres chez Christie’s, a été précédée de plusieurs cocktails à Milan, Paris et New York. Le jour de la vente, l’antiquaire n’a pas hésité à monter à la tribune pour présenter ses tapis et tapisseries... et faire ses adieux au milieu de l’art qu’il délaisse pour se tourner vers le cinéma. Une opération de marketing couronnée de succès à en juger le produit de la vente qui dépasse les 37 millions de francs.

LONDRES - Christie’s semble s’être fait une spécialité des mises en scènes “décoiffantes”. Après la “Pink Party” dédiée à la panthère rose de Jeff Koons, icône kitsch des années 1980, où s’étaient pressées 1 500 personnes en novembre 1999 à New York, l’auctioneer avait choisi de mettre en avant son meilleur ambassadeur pour cette vente londonienne présentée à grand renfort de cocktails : Davide Halevim lui-même. De nombreux clients italiens, spécialement invités pour l’événement, étaient entourés de vedettes du showbiz. La prestation de “l’acteur” a eu l’heur de plaire au public puisque 92 % des 133 lots ont trouvé preneur... à l’exception des plus belles pièces. Celles-ci auraient souffert, selon l’antiquaire Bernard Blondeel, d’une “trop grande médiatisation ne laissant pas le plaisir de la découverte au grand collectionneur”. Ont donc été ravalées les pièces les plus prestigieuses, trop connues des professionnels, comme ce tapis égyptien dit “cairote” extrêmement rare, du XVIe siècle (estimé 250 000 à 350 000 livres sterling, soit 2,5 millions à 3,6 millions de francs) ou cette tapisserie franco-flamande dite “mille-fleurs”, fin XVe-début XVIe  siècle (estimé 1 million- 1,2 millions de livres). Ces joyaux de la vente n’ont pas trouvé acquéreurs, pas plus que le tapis de prière d’Anatolie, fin XVIe-début XVIIe siècle (estimé 100 000 à 150 000 livres). Le public a cependant pu assister à quelques impressionnantes envolées, notamment pour un tapis pékinois de la fin du XIXe siècle qui a triplé son estimation à 11 750 livres (environ 121 500 francs). Dix fois le prix que le vendeur aurait pu obtenir à Drouot. Un autre tapis originaire de Pékin, du début du XXe siècle a, lui, quadruplé de son estimation à 21 150 livres (218 691 francs). Beau résultat aussi pour un tapis “agra” du nord de l’Inde, de la fin du XIXe siècle, adjugé plus de 135 000 livres, soit environ 1,4 millions de francs, alors qu’il était estimé 50 000 livres. Un tapis “star-kazak”, du Caucase, fin XIXe siècle, est, lui, parti à plus de 196 000 livres, soit environ 2 millions de francs. Les estimations déjà très soutenues ont souvent été largement dépassées. L’ambiance surchauffée de la salle, mêlée à l’excitation de participer à un grand “happening” du marché de l’art, auront eu raison du portefeuille de nombreux clients privés. Quelques marchands présents ont cependant su saisir leur chance et profiter des rares opportunités offertes. En témoigne le prix “raisonnable” (47 000 livres, soit 485 980 francs), obtenu pour une belle tapisserie italienne probablement réalisée à Florence au milieu du XVIIIe siècle, représentant une scène pastorale.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°122 du 2 mars 2001, avec le titre suivant : Halevim soigne sa sortie

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