Vivre en collectivité

À Lyon, première exposition pour les Subsistances

Par Olivier Michelon · Le Journal des Arts

Le 2 mars 2001 - 511 mots

Accueillie à Lyon dans le nouvel espace des Subsistances, l’exposition « Ferveur » regroupe treize jeunes plasticiens français et étrangers. Malgré l’absence de thématique, et l’éclectisme des propositions, l’exposition montre une unité dans l’émergence de préoccupations communes.

LYON - “L’idée était celle d’une exposition indépendante qui regroupe, par des connaissances mutuelles, des artistes dont le travail est encore en construction”, expliquent Damien Beguet et Ivan Fayard. Au côté de Nicolas Delprat, ils sont à l’origine de “Ferveur”, une exposition sans commissaire qui regroupe treize artistes rencontrés d’expositions en résidences. Parmi les participants, tous invités à produire de nouvelles pièces, se mêlent des personnalités déjà largement montrées en France (Laetitia Benat ou Anne Brégeaut) à d’autres encore peu connues. Une formule qui devrait se répéter à Glasgow puis à Fribourg-en-Brisgau. Au final, tout le monde est ensemble, mais chacun essaye de se ménager son propre espace. Un réflexe en partie induit par les quelque 1 000 m2 mis à la disposition par les Subsistances et dans lesquels se multiplient hauteurs de plafond et revêtements. Pour Vue de nuit, la peinture murale qui inaugure “Ferveur”, en reprenant le titre sur une surface pailletée, Nicolas Delprat a installé deux cimaises au milieu de la première salle. Une disposition triangulaire qui accueille en son centre une peinture du même auteur, et occulte radicalement les autres œuvres présentées dans la pièce. Plus loin, Damien Beguet refuse lui aussi le simple accrochage pour installer sa pièce sur une portion de mur recouverte de carrelage bleu. C’est sur ce motif tranchant qu’il place Vitrine (les meubles Jean Prouvé), un écoulement de peinture acrylique dont la suspension entre deux verres reprend le motif emblématique d’une chaise synonyme de modernité.

Un thème qui se retrouve dans Villa Cavrois de Guillaume Leblon. Dans la demeure édifiée près de Roubaix par Robert Mallet-Stevens en 1932, ce dernier capte le souvenir d’une architecture moderne aujourd’hui décrépie. La projection est complétée par Pour de mauvaises raisons, une structure blanche qui oscille entre ruine et maquette, hypothétique fragment du bâtiment filmé. À côté, Marie Denis joue, elle aussi, la carte du dépaysement avec D’ici là, un tas de sable où les cactus se joignent aux pylônes des Subsistances.

À l’instar des œuvres citées ci-dessus, nombre de pièces se réfèrent directement à l’architecture : Agglomération, le diaporama citadin de Miriam Böhm, ou plus justement Sketches of space de Gabriel Lester. Ici l’artiste néerlandais donne sa version du mythe du tableau comme fenêtre ouverte sur le monde. Composée de quatre panneaux publicitaires sur lesquels se déroulent des affiches imprimées, sa sculpture produit de manière aléatoire des vues en perspective. La mécanique archaïque semble anticiper à contre-courant les labyrinthes virtuels de jeux vidéo, et rejoint les vues éclatées peintes à même le mur par le Canadien Nestor Krüger dans la totalité des espaces. Une façon d’unifier un peu plus une exposition, qui, malgré l’éclectisme de ses propositions, laisse apparaître une unité : une boule de neige générationnelle.

- FERVEUR, jusqu’au 11 mars, Les Subsistances, 8 bis quai Saint-Vincent, 69001 Lyon, tél. 04 78 39 10 02, Internet, www.subsistances.com.

Scènes au bord de la Saône.

Autrefois occupé par l’armée pour produire le pain et le vin des troupes, le bâtiment des Subsistances est désormais consacré à des nourritures plus intellectuelles. Rénové par la Ville de Lyon, le lieu, étendu sur 22 500 m2, veut offrir un espace de création pluridisciplinaire, “d’interférence entre les arts�?, comme l’estime Klaus Hersche, son directeur. Ancien directeur artistique du Théâtre au Stalden de Fribourg (Suisse), ce dernier indique sa volonté de s’associer dans le domaine des arts plastiques avec des artistes (à l’image de “Ferveur�?) ou des commissaires indépendants, “sans créer des départements au sein des Subsistances�?. À l’exception de la Biennale de Lyon qui interviendra cet été, et de l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne qui exposera les collections du Frac Rhône-Alpes cet hiver, le programme fait toutefois, dans un futur proche, la part belle au théâtre, ou à la musique. Deux ateliers sont cependant mis à la disposition pour le post-diplôme de l’École des beaux-arts de Lyon et Klaus Hersche promet de nombreuses interventions “pirates�? tout au long de l’année.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°122 du 2 mars 2001, avec le titre suivant : Vivre en collectivité

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