Coup de balai au MoMA

Le musée vendra 350 de ses photographies le 25 avril

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 30 mars 2001 - 733 mots

Le printemps sera chaud pour les amateurs de photographies. Deux importantes collections seront dispersées en avril à New York. Le 25, Sotheby’s mettra en vente 350 images de la collection du MoMA comprenant des œuvres d’Atget, Man Ray et Walker Evans et le 18, Christie’s une quarantaine de tirages de Brassaï.

NEW YORK - Une aubaine pour les collectionneurs. Le 25 avril, Sotheby’s New York dispersera un ensemble de 350 photographies estimé 3 millions de dollars (21,9 millions de francs) provenant de la collection du Museum of Modern Art de New York (MoMA). L’occasion d’acquérir des œuvres dignes d’un musée signées Eugène Atget, Walker Evans, Man Ray, Edward Steichen, Alfred Stieglitz et de quelques autres photographes actifs pendant la première moitié du XXe siècle.

Le musée a décidé de se dessaisir de ces œuvres qu’il possédait en plusieurs exemplaires. Seront ainsi proposés des tirages originaux, des œuvres issues de donations mais aussi du matériel publié provenant de l’immense fonds du MoMA. Le cœur de la collection demeure intact. Il est constitué de tirages donnés par ses premiers mécènes comme Berenice Abbott et Julien Levy, David H. McAlpin, Alfred H. Barr, Shirley C. Burden, Lincoln Kirstein, Dorothy Norman, Edward Steichen et James Thrall Soby. Ce dernier, jeune spécialiste et collectionneur audacieux, a publié en 1934 une monographie novatrice consacrée à Man Ray, et a fait don au MoMA, en 1941, d’une série d’œuvres de première importance exécutées par l’artiste : rayogrammes, nus et portraits. Parmi les pièces les plus significatives figurent des photographies de Man Ray provenant du don de Thrall Soby, qui comprend notamment un tirage au gélatino-bromure d’argent unique, un rayogramme avec une ficelle et l’empreinte d’une main (1938, 80 000-120 000 dollars, environ 585 000-731 000 francs), le portrait de profil de Picasso, un nu féminin solarisé et des études de têtes.

Une roulotte de carnaval de la Fête des Invalides
La collection Abbott-Levy comprend un groupe de onze tirages d’Atget de Paris et de ses environs, retrouvés dans son atelier en 1927 après sa mort, par la photographe Berenice Abbott et le galeriste Julien Levy. On remarquera une étude évocatrice de Notre-Dame, obtenue avec le procédé à la fécule de pomme de terre, (40 000 à 60 000 dollars, 292 000-438 000 francs), ainsi qu’une roulotte de carnaval avec des chiens, saisie lors de la Fête des Invalides.

La contribution de Walker Evans se matérialise par sa célèbre image représentant la vitrine du studio d’un photographe portraitiste, Penny Picture Display, Savannah (1936, 150 000 à 250 000 dollars, 1,1-1,8 million de francs), qui provient de la série “American Photographs” (1938), présentée lors de la première exposition monographique que le MoMA lui consacra. Au programme également : plusieurs photographies issues de son travail réalisé pendant la crise des années 1930 dans le Sud américain pour la Farm Security Administration. À noter aussi deux autres pièces majeures et rares d’Edward Steichen (photographe et directeur du premier département de photographie ouvert dans un musée américain), Whistleria : Self-portrait (1898) et Heavy Roses, Voulangis, France (1914) un tirage argentique caractérisé par la subtilité des tons. Ces deux images furent montrées lors des expositions du MoMA de 1961 et 1978 et lors de la rétrospective du Whitney Museum of Art (150 000-250 000 dollars).

L’œuvre d’Alfred Stieglitz sera illustrée par des photogravures de la période de la Photo-Sécession et d’œuvres modernistes datant des années 1930 et 1940, comme les mains de Dorothy Norman (1932, 100 000-150 000 dollars). Donné par le modèle en personne, ce cliché n’a fait que de très rares apparitions sur le marché.

Belles surprises également chez Christie’s qui mettra en vente, le 18 avril à New York, un ensemble de 40 images de Brassaï provenant d’une importante collection européenne. La plupart d’entre elles ont été publiées dans les années 1930 et 1940 dans des magazines tels Vu, Minotaure & Labyrinthe.
C’est en 1924 que le jeune homme âgé de vingt-cinq ans s’installe à Paris, quittant sa Transylvanie natale. Il se lance alors dans la photographie en 1930 et publie dès 1933 sa série sur “Paris la nuit”. Ami des surréalistes comme le fut Man Ray, ses photographies furent souvent publiées aux côtés de leurs écrits.

On remarquera notamment une vue de Paris la nuit de 1935 (7 000-9 000 dollars), un Graffiti de 1933 (7 000-9 000 dollars) et également une Vue d’une ville de province française (10 000-15 000 francs).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°124 du 30 mars 2001, avec le titre suivant : Coup de balai au MoMA

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