Un don d’érudits pour Nancy

Le Musée des beaux-arts y accueille une collection majeure

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 27 avril 2001 - 635 mots

Après d’importants travaux de rénovation et d’extension, achevés en 1999, le Musée des beaux-arts de Nancy a reçu une donation de 2 000 dessins et 12 000 estampes, aujourd’hui exposée partiellement. Les œuvres retracent une histoire essentiellement française, du XVIe siècle à nos jours, en prenant soin de ne pas oublier les petits maîtres et les artistes en marge des grands courants. Le propos de la donation, le choix des œuvres et celui de la Ville de Nancy pour les recevoir laissent penser que derrière la figure des donateurs anonymes se cachent l’historien d’art Jacques Thuillier et son frère.

NANCY - “Cette collection a été constituée de manière didactique et pédagogique. Il s’agit moins d’une collection d’amateur d’art que d’une collection ayant servi les propres recherches du donateur, sensible aussi bien à l’esthétisme des œuvres qu’aux techniques employées”, explique Clara Gelly-Saldias, conservatrice au Musée des beaux-arts de Nancy. La donation a été livrée déjà montée, annotée, classée, rangée par date et par noms, “sans quoi, le donateur aurait eu l’impression de ne pas achever son œuvre”, ajoute-t-elle. Blandine Chavanne, conservatrice du patrimoine chargée du Musée, et Clara Gelly-Saldias présentent au public une sélection de 250 pièces, croquis pris sur le vif, études d’atelier, copies de maîtres, travaux préparatoires, estampes et projets aboutis, mis au carreau en vue de leur agrandissement. Parmi les œuvres du XVIIe siècle français – période de prédilection des collectionneurs avec le XIXe –, les dessins préparatoires ou études de Laurent de La Hyre (Narcisse à la fontaine), François Perrier (Salomé recevant la tête de saint Jean-Baptiste), Nicolas Poussin (Études de casques antiques), Nicolas Mignard (Études pour la visitation) ou encore Jacques Stella (La Rencontre à la Porte dorée) côtoient les estampes de petits maîtres, comme Pierre Brébiette qui a gravé de nombreuses scènes mythologiques et des bacchanales de son invention. Outre la découverte d’artistes jusque-là négligés, les collectionneurs souhaitaient montrer la diversité de la création au XVIIe siècle. À travers la présence d’œuvres telles que La Chambre de sieur Callot en l’année 1630 de François Collignon ou Le Concert nocturne, d’après Jean Le Clerc, ils revendiquent par ailleurs l’importance de la Lorraine en tant que foyer artistique.

Un outil remarquable de recherche
Lors de la rénovation du musée, entreprise dès 1993, une salle d’exposition temporaire avait déjà été prévue pour le dessin, au second étage du pavillon XVIIIe. Après avoir reçu la collection, “il est alors apparu indispensable d’aménager un espace spécifique pour la conservation des arts graphiques. Aux côtés de la salle temporaire, une salle sera désormais consacrée à la conservation”, explique Blandine Chavanne. Laurent Beaudouin, architecte mandataire du musée, a aménagé la réserve conçue également pour abriter chercheurs et étudiants. “La collection accueillie par le musée est en effet un outil remarquable de recherche. Mêlant dessins et estampes, elle permet d’étudier l’œuvre complète de certains artistes, tout particulièrement ceux du XVIIe et du XIXe siècle”, commente la conservatrice. Avant la donation, le Musée des beaux-arts de Nancy conservait près de 5 000 dessins et 5 000 estampes, dont plusieurs fonds d’artistes originaires de Lorraine – Callot, Grandville, Friant, Colin –, ainsi que des dessins signés Ingres, Vernet, Delacroix. “La donation permet de stimuler l’ensemble”, se félicite Clara Gelly-Saldias. À terme, les conservatrices souhaitent réaliser trois expositions d’arts graphiques par an : des monographies – le fonds Couder permet à lui seul d’évoquer tous les aspects de l’artiste –, mais également des expositions thématiques, sur l’école allemande, par exemple, très bien documentée pour le XVe siècle. Désormais, le cabinet d’art graphique du musée peut rivaliser avec ceux de Caen, Dijon, Nantes ou Rennes.

- UNE DONATION D’ART GRAPHIQUE, jusqu’au 14 mai, Musée des beaux-arts de Nancy, 3 place Stanislas, 54000 Nancy, tél. 03 83 85 30 72, tlj sauf mardi 10h-18h. Catalogue, édition RMN, 118 p., 145 F, ISBN : 2-7118-4050-6.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°126 du 27 avril 2001, avec le titre suivant : Un don d’érudits pour Nancy

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