Fin des interdits ?

Des tableaux occidentaux exposés en Iran

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 11 mai 2001 - 348 mots

Avec une quarantaine d’œuvres, réapparues après plus de vingt ans, le Musée d’art contemporain de Téhéran s’apprête à consacrer aux mouvements impressionniste et post-impressionniste la plus importante exposition du Moyen-Orient.

LONDRES (de notre correspondant) - À partir de ce mois, le Musée d’art contemporain de Téhéran présente un ensemble exceptionnel d’œuvres impressionnistes et post-impressionnistes, restées cachées pendant des décennies. Emblématique d’une volonté récente de libéralisation culturelle, cette décision est due à l’ancien ministre de la Culture devenu président en 1997, Mohammed Khatami, à l’origine de réformes qui devraient prendre de l’ampleur s’il est réélu lors des présidentielles du 8 juin. Les 40 œuvres exposées proviennent de deux sources : acquis sous l’impulsion de l’épouse du shah, Farah Diba-Pahlavi, le groupe le plus important est conservé au Musée d’art contemporain de Téhéran. Ouvert en 1977, il avait dû fermer ses portes après quelques mois, en raison des troubles politiques qui ont abouti au renversement du shah. Jugé inacceptable sous l’ayatollah Khomeini, l’art occidental a rapidement rejoint les réserves. Survivant à toutes sortes de remous et aux changements de conservateurs, la collection a revu le jour grâce à son 18e directeur. Parmi les pièces présentées figurent Giverny et ses environs de Monet, Nature morte avec estampe japonaise de Gauguin, Fille de Montmartre de Toulouse-Lautrec, ainsi qu’une gravure de Van Gogh, dont le titre anglais (At Eternity’s Gate) est écrit de la main de l’artiste. Le musée prévoit d’exposer, pour la première fois, un portrait de la bonne de la famille de Renoir. Jusqu’à présent, ce tableau d’une jeune fille en décolleté était jugé impropre à l’exposition en Iran. Le reste des tableaux est issu des collections privées du shah et de sa famille. Confisqués après la révolution de 1979, ce groupe, qui comprend des peintures de Cézanne, et des estampes de Cézanne et Gauguin, est désormais la propriété de la “Fondation pour les dépossédés et les martyrs de la révolution iranienne”, dépendant de l’ayatollah Ali Khameini.

- IMPRESSIONNISME ET POST-IMPRESSIONNISME : UNE SÉLECTION D’ŒUVRES, Musée d’art contemporain, avenue Karegar-e Chomail, Téhéran, tél. 98 721 65 32 00, e-mail : tmca@irost.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°127 du 11 mai 2001, avec le titre suivant : Fin des interdits ?

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