Quand le marché de l’art courtise la jet-set

En août, deux salons d’antiquaires et deux ventes publiques organisées par l’étude Tajan se tiendront à Monaco

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 29 juin 2001 - 898 mots

Vingt-quatre marchands seront réunis du 1er au 15 août dans le cadre du Sporting d’hiver de Monaco à l’occasion de la XIVe Biennale des antiquaires de Monaco. Quelques jours plus tard se tiendra le Salon des antiquaires – Monte-Carlo antiquités –, organisé, du 18 au 26 août, à l’espace Fontvieille.

MONACO - Un petit nombre d’exposants triés sur le volet, du soleil, des horaires d’exposition adaptés aux beaux jours (16-21h). Le cocktail, créé il y a vingt et un ans, semble toujours séduire les visiteurs (30 000 en 1999 d’après les organisateurs) qui demeurent fidèles à la manifestation lancée en 1975 par Jacques Perrin et Maurice Segoura. Elle attire des collectionneurs du monde entier : des Italiens, des Américains, des Japonais plutôt tournés vers la peinture moderne, des Russes mais aussi des visiteurs du golfe Persique très friands de bijoux. Pour les accueillir, un noyau fixe de grands antiquaires parisiens et monégasques surtout spécialisés dans le mobilier classique (Perrin, Segoura, Gismondi, Mikaeloff, Ribolzi), trois marchands de tableaux anciens (la galerie d’art Saint-Honoré, Luigi Bellini et Piero Corsini), quelques galeries de tableaux XIXe et modernes (Fabien Boulakia, Berko) et une grosse poignée de joailliers-bijoutiers (Graff, Mauboussin, Fred, Garland, Zendrini). De la grande qualité mais sur le mode parcimonieux. “Small is beautiful”, l’un des concepts de départ du salon, n’a-t-il pas atteint ses limites ? L’intérêt d’un salon ne tient-il pas à la réunion, en un même lieu pendant une période de temps réduite, d’un grand nombre de marchands de qualité dans chacune des spécialités ? La manifestation ne gagnerait-elle pas en prestige et en rayonnement en attirant d’avantage de grands spécialistes de mobilier XVIIIe, de tableaux anciens et modernes français et étrangers. Que dire de l’absence des marchands de mobilier du XXe siècle qui connaissent pourtant un succès croissant dans les autres foires ?

Un point positif cependant, la Biennale évolue en s’ouvrant à de jeunes antiquaires de qualité comme Amaury et Flore de la Moussaye (galerie Flore) qui entrent au conseil d’administration de la Biennale aux côtés de deux des fils Perrin (Philippe) et Segoura (Pierre).

Des collectionneurs plus détendus et disponibles
La formule semble réjouir les antiquaires installés comme Yves Mikaeloff qui se félicite de l’organisation d’une telle manifestation en pleine période estivale. “C’est un salon qui attire de grands collectionneurs du monde entier. Ici, ils sont beaucoup plus disponibles et détendus qu’à Paris. C’est un état d’esprit différent. Ils arrivent au salon en milieu d’après-midi après avoir passé le début de journée à la plage.” L’antiquaire exposera une paire de consoles italiennes du début du XVIIIe siècle, qui provient du château de Mentmore en Grande-Bretagne. Le visiteur poursuivra sa visite chez Perrin antiquaires où il découvrira une console en bois sculpté et peint de forme galbée et une paire de fauteuils en bois sculpté et doré à haut dossier plat à châssis orné de lambrequins et coquilles. Il se dirigera ensuite  chez Maurice Segoura qui a sélectionné une toile de Nicolas Lancret, La Toilette de Madame Geoffrin et une paire de tableaux de Jean-François de Troy, Salmacys et Hermaphrodite et Vénus et Adonis. Fabrizio Moretti a porté son dévolu sur une vierge à l’enfant de Filippo Lippi, Adriano Ribolzi sur un cappricio de Michele Marieschi représentant un fleuve avec fontaine et monument équestre. Du côté des tableaux modernes, on remarquera une gouache et aquarelle sur papier de René Magritte, Le Regard mental, et une huile de Marc Chagall, Les Mariés et le village (galerie Fabien Boulakia). Belles surprises aussi chez Tradart, spécialiste de numismatique, qui montrera un tétradrachme d’argent frappé à Lampsaque (Asie Mineure) représentant la tête d’Alexandre le Grand et un denier d’argent frappé en Italie évoquant la victoire d’Octave sur Marc Antoine et Cléopâtre datant de 29 à 27 avant J.-C.

Trois jours après la clôture de la Biennale, Monte-Carlo antiquités ouvrira ses portes à l’Espace Fontvieille. La manifestation, née il y a six ans, réunira près de 40 antiquaires français et étrangers dont bon nombre d’Italiens. Parmi les Français figurent la galerie Guy Kalfon (Paris) et la galerie Suffren (Saint-Tropez).

Un marteau sur le Rocher

L’étude Tajan organise, cette année encore, ses traditionnelles ventes estivales monégasques. Les 2 et 3 août sera dispersé, avec le concours de l’expert Franck Baille à l’Hôtel Métropole Palace de Monte-Carlo, un ensemble comprenant près de cent tableaux et sculptures modernes. Parmi les plus belles pièces figure un dessin au fusain et à la gouache bleue de Picasso – Portrait de Joachim Biosca – qui, présenté le 30 mai à Drouot par Me de Ricqlès à 4-6 millions de francs, n’avait pas trouvé preneur. Ce dessin avait été initialement proposé à l’étude Tajan par son propriétaire qui n’avait finalement pas consigné l’œuvre rue des Mathurins, jugeant l’estimation établie (entre 3 et 4 millions de francs) trop basse. Plusieurs autres pièces qui n’ont pas été vendues dans cette même vente de Ricqlès réapparaîtront à Monte-Carlo. Ce sera le cas d’une œuvre de Signac, Asnières, les bains Bailet, qui sera présentée à un prix moins élevé que sa précédente estimation (500-600 000 francs). Au programme également, un Vlaminck de 1911-1912 figurant un étang avec des arbres (400-500 000 francs), une vue d’Alger par Marquet (300 000 francs) et une maternité de Valtat (300 000 francs). n Les 1er et 2 août, l’étude Tajan mettra en vente, avec le concours de l’expert Chantal Beauvois, un important ensemble de joaillerie-bijouterie fort de 650 lots.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°130 du 29 juin 2001, avec le titre suivant : Quand le marché de l’art courtise la jet-set

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