Dominique Chevalier - Un syndicat plus ouvert

Entretien avec Dominique Chevalier, président du SNA

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 29 juin 2001 - 796 mots

Dominique Chevalier a été élu, à la fin du mois de mai, président du Syndicat national des antiquaires (SNA) en remplacement de Claude Blaizot. Il évoque dans l’entretien qu’il nous accordé, le rôle du président et développe ses projets pour le SNA.

Quel est le rôle du président du Syndicat national des antiquaires ?
Comme dans tout conseil d’administration, le président préside et organise le travail de ses équipes. Il le fait en relation avec le secrétaire général, les vice-présidents et les présidents de commissions. Il détermine, en liaison avec le conseil d’administration, la stratégie du Syndicat et joue un rôle de pivot dans le travail des commissions.

Qu’en est-il des missions du SNA ?
Le rôle du Syndicat est de promouvoir le métier d’antiquaire et de le défendre s’il y a lieu. Une de ses missions essentielles est l’organisation de la Biennale internationale des antiquaires. Le marché a complètement évolué. Nous assistons à une multiplication des salons d’antiquaires, la France s’ouvre aux maisons de vente étrangères. Avec l’Internet, nous sommes rentrés dans une société de communication rapide. Le marché de nos grands-parents est révolu. L’activité a tendance à se concentrer sur Paris. Il nous faut donc réfléchir aux actions que nous pourrions entreprendre pour nos membres de province. Je vais organiser une tournée en régions pour écouter et savoir ce qu’attendent de nous nos adhérents de province. S’agissant de la défense de nos métiers se pose le problème de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) qui revient sur le devant de la scène de façon récurrente, mais aussi celui d’Unidroit ou encore de la loi Lequiller sur les ensembles, sur lesquels nous n’aurons de cesse d’intervenir.

En quoi la profession d’antiquaire a-t-elle réellement changé ?
Les antiquaires n’échappent pas à la mondialisation des échanges, qui caractérise l’ensemble des composantes de l’économie internationale. Ainsi, il est déterminant de s’adapter aux nouveaux comportements de nos clients, qui sont prêts à se rendre aux quatre coins du monde pour assister à un événement artistique qui les concerne, ou pour aller voir une œuvre d’art qui les séduit. Parallèlement, nous voyons le marché de l’art devenir de plus en plus l’affaire de spécialistes d’histoire de l’art, alors qu’il exsite une vraie place pour les généralistes qui peuvent conseiller leurs clients dans la constitution d’une collection. Ainsi, le métier change, mais nos valeurs de professionnalisme et d’écoute du client demeurent les mêmes.

Quels sont vos projets pour le Syndicat ?
Je suis un président qui se place dans la continuité du travail de son prédécesseur. J’exercerai évidemment ce mandat à ma manière, avec ma personnalité. J’aimerais également mettre sur pied une commission d’étude parlementaire sur le marché de l’art. Cela de façon à impliquer les élus et à leur faire comprendre que le marché comprend, outre les antiquaires et commissaires-priseurs, de multiples professions comme les restaurateurs et les métiers d’art. Je souhaite en effet dépasser le cadre des intérêts catégoriels des antiquaires et nous ouvrir, plus largement, aux galeries d’art, aux métiers de la restauration mais aussi aux commissaires-priseurs lorsque nous avons des objectifs communs. Cette commission pourrait devenir notre relais parlementaire lorsque nous aurons des objectifs communs. Un des chantiers majeurs de ces prochains mois sera l’organisation du centième anniversaire du Syndicat qui sera célébré au mois d’octobre dans le cadre du Musée Jacquemart-André, à Paris. En tant qu’antiquaires, nous souhaitons encourager la naissance de nouvelles générations de collectionneurs. Jacquemart-André, berceau d’une famille de grands collectionneurs, semble être le lieu idéal pour une telle manifestation. Nous allons créer, et remettrons, à cette occasion, un Prix du livre d’art. La célébration du centième anniversaire du SNA ne se veut pas passéiste, mais davantage tournée vers l’avenir en montrant le rôle indispensable des antiquaires sur le marché de l’art au cours des années à venir.

Que va changer, pour les antiquaires, l’ouverture du marché de l’art aux auctioneers ?
Nous y sommes favorables. Nous évoluons dans un monde concurrentiel. Plus il y aura de concurrence, meilleure sera la situation pour nous. Cela, à condition que nous nous trouvions à égalité avec nos confrères en Europe et dans le monde et que nous soyons assujettis aux mêmes taxes, ce qui n’est pas le cas, loin de là.

Dominique Chevalier en quelques dates

- 1946 : naissance le 19 novembre ;
- 1963-1968 : études d’histoire de l’art à Nanterre et de gestion à l’École des cadres ;
- 1975 : prend la direction, avec son frère Pierre, de l’entreprise familiale de conservation et de restauration de tapisseries et tapis ;
- 1980 : création de la galerie Chevalier ;
- 1984 : nommé expert près la cour d’appel de Paris ;
- 1989-1992 et 1996-2000 : président de l’Association des antiquaires du Carré Rive Gauche ;
- 2001 : élu président du Syndicat national des antiquaires.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°130 du 29 juin 2001, avec le titre suivant : Dominique Chevalier - Un syndicat plus ouvert

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