Patrice Béghain - « Articuler puissance économique et politique culturelle »

Un entretien avec Patrice Béghain, adjoint à la Culture de la Ville de Lyon

Le Journal des Arts

Le 31 août 2001 - 498 mots

L’agglomération lyonnaise bénéficie d’un contexte économique florissant, elle abrite des centres d’art, un Musée d’art contemporain et une Biennale dont on parle. Comment se fait-il que les galeries commerciales d’art contemporain soient si peu nombreuses dans ce contexte favorable ?
Il n’y a guère de culture de l’art contemporain à Lyon, les collectionneurs sont davantage tournés vers les antiquités et l’art moderne. Cette situation n’est pas propre à l’agglomération lyonnaise, elle se retrouve partout en France hormis à Paris : aucune ville n’a de vrai marché de l’art, a fortiori contemporain. La situation est différente en Espagne ou en Allemagne où les lieux d’achats sont beaucoup moins centralisés. Cette situation complexe devrait évoluer à l’heure où les communications sont plus faciles et les transports rapides. On pourrait imaginer cependant que la proximité de Paris et de Marseille profite à la capitale des Gaules, c’est-à-dire que les collectionneurs viennent faire leur marché dans notre ville. Mais ça n’est pas encore le cas.

La nouvelle municipalité va-t-elle poursuivre le soutien aux galeries et centres d’art (Le Bleu du Ciel, BF 15, etc.) initié par votre prédécesseur et, si oui, comment ?
Il faut maintenir une aide aux galeries pour qu’elles puissent participer aux foires. Nous allons par exemple aider la galerie Olivier Houg et Le Réverbère à participer à la Fiac, ainsi que la galerie Mathieu à Art Paris. Quand les galeries lyonnaises se déplacent et participent à des foires, elles obtiennent de bons résultats. Cette présence hors de Lyon génère un public nouveau. Dans le même ordre d’idées, des passerelles avec le secteur public doivent être renforcées. Je me réjouis par exemple du label “parcours associé” accordé à des galeries et à des lieux d’exposition pendant la Biennale, formant ainsi une sorte de Biennale off qui crédibilise ceux qui sont sélectionnés.
Cependant, je crois aussi que les galeristes doivent se monter inventifs. Prenez l’exemple du galeriste Georges Verney-Carron à Villeurbanne. Il a su développer un axe autour de l’art dans la ville et des installations in situ. Il a ainsi initié la collaboration entre artistes, architectes et Lyon Parc Auto qui s’est traduite par l’installation d’œuvres d’art dans des parkings de la ville. Ce travail se poursuit aujourd’hui sur d’autres bâtiments publics. Je crois vraiment qu’il faut tenir compte du territoire lyonnais et inventer des liens originaux avec notre environnement.

Appartient-il, selon vous, à une collectivité locale d’aider le marché de l’art et notamment les ventes aux enchères ? Si oui, de quelle manière ?
On ne peut pas l’aider directement mais œuvrer à sa promotion indirectement. Les conservateurs des musées devraient suivre de plus près les ventes organisées à Lyon car de très bonnes pièces y passent. Pour ce qui est de la promotion, elle entre dans le cadre de notre politique tendant à donner plus de visibilité à l’agglomération. On ne fera pas de Lyon une métropole régionale sans articuler sa puissance économique et sa politique culturelle. Le secteur des ventes publiques me paraît être un point d’articulation intéressant.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°131 du 31 août 2001, avec le titre suivant : Patrice Béghain - « Articuler puissance économique et politique culturelle »

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