Cernuschi, c’est parti

Cernuschi, c’est partiTrente et un millions pour la rénovation du musée

Le Journal des Arts

Le 31 août 2001 - 556 mots

Trop longtemps différée, la rénovation du Musée Cernuschi à Paris est enfin lancée. Outre l’indispensable remise aux normes, le projet permettra le redéploiement de ses collections d’art chinois, grâce à une occupation rationnelle d’espaces plus vastes, et s’attachera à une meilleure mise en valeur du lieu, l’ancienne demeure du collectionneur Henri Cernuschi.

PARIS - À partir du 15 octobre, le Musée Cernuschi, qui abrite en bordure du parc Monceau une remarquable collection d’art chinois, fermera ses portes pour deux ans. Dans son budget modificatif pour 2001, la nouvelle municipalité a enfin voté les crédits nécessaires à sa rénovation. Il faut dire qu’une intervention devenait chaque jour plus urgente, comme sont venues le rappeler de récentes inondations. Depuis son arrivée en 1994, Gilles Béguin, le conservateur général du musée, préparait cette indispensable réhabilitation, et l’équipe Architecture et associés avait été sélectionnée dès 1998. Le projet, bouclé définitivement en novembre 2000, n’attendait plus qu’une décision politique. Ce musée est “révélateur de la situation de nombre de musées de la ville”, a estimé Sandrine Mazetier, adjointe au maire, chargée du Patrimoine. À l’intérieur du musée, les derniers travaux d’architecture remontent à 1934 et 1935 pour le premier étage, et à 1958 et 1962 pour le rez-de-chaussée.

Céramiques rangées sans ordre apparent sur de vulgaires étagères de bois, vitrines hors d’âge, portes non hermétiques laissant passer la poussière, une visite dans les anciennes écuries transformées en réserves suffit à se convaincre du caractère urgent d’une rénovation. Pour commencer, de véritables réserves, qui rassembleront les œuvres dispersées aux quatre coins de l’ancien hôtel particulier, seront créées en sous-sol, libérant de nombreux espaces, comme l’ancien fumoir. Coiffée d’une coupole, cette pièce sera transformée en un mémorial à Henri Cernuschi, dont la générosité est à l’origine de ce musée.

Le Bouddha déplacé
Le projet se veut en effet respectueux de la mémoire du lieu, et se défie d’interventions architecturales intempestives. À ce propos, Jean Gautier, directeur des affaires culturelles de Paris, a tenu à souligner “la volonté de la Ville de conserver les musées, qui sont souvent d’anciennes demeures, dans leur jus et leur atmosphère”. Respectueux du cadre créé pour Henri Cernuschi, ce parti modéré, contrastant par exemple avec l’intervention radicale effectuée à Guimet, explique peut-être un budget somme toute assez raisonnable de 31 millions de francs.

Pour mieux mettre en valeur l’ensemble exceptionnel d’art chinois, mais aussi japonais, le circuit de la visite sera complètement revu, profitant du déplacement des réserves. Désormais, les expositions temporaires se dérouleront au rez-de-chaussée, tandis que les collections permanentes s’installeront au premier étage, dont les décors de stuc, trop souvent occultés, seront remis en valeur. Véritable pivot de l’ensemble, la salle du Bouddha, dont la monumentalité a toujours posé des problèmes d’aménagement, bénéficiera d’un éclairage naturel grâce à la réouverture de la grande fenêtre à serlienne. Surtout, le Bouddha de Meguro, qui trône aujourd’hui au fond de la pièce, sera déplacé vers le centre, et une mezzanine, prolongée dans les salles voisines, remplacera les coursives malcommodes.

Grâce à cette rénovation, quelque 900 m2 supplémentaires seront dégagés, et salles d’exposition et réserves ne seront pas les seules à en bénéficier : la surface de bureaux sera doublée, et seront créés une salle de conférences d’une cinquantaine de places, un atelier pédagogique et un cabinet d’art graphique. De plus, le musée sera rendu entièrement accessible aux handicapés. Rendez-vous en 2003.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°131 du 31 août 2001, avec le titre suivant : Cernuschi, c’est parti

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