Fronde à Orsay

La succession s’annonce difficile

Le Journal des Arts

Le 31 août 2001 - 383 mots

En voulant ouvrir à d’autres catégories de fonctionnaires le poste de directeur du Musée d’Orsay, le ministère de la Culture a provoqué la colère des conservateurs, qui y voient « une décision de circonstance ».

PARIS - Comme leur titre l’indique, les conservateurs du patrimoine ne constituent pas une catégorie professionnelle encline à la contestation. Quoique feutrée, la fronde de ceux du Musée d’Orsay semblerait pourtant démontrer le contraire. Par une lettre adressée à la ministre de la Culture, Catherine Tasca, ils ont manifesté leur mécontentement face aux procédures actuelles entreprises pour le remplacement d’Henri Loyrette, parti diriger le Musée du Louvre. En effet, avant de trancher parmi les différentes candidatures (pour mémoire, Serge Lemoine, Anne Distel, Rodolphe Rapetti et Guy Cogeval), la Rue de Valois a souhaité modifier le statut régissant cette fonction. Le projet de décret soumis au Conseil d’État, qui doit rendre son avis ces jours-ci, permet d’en étendre l’accès aux “fonctionnaires qui remplissent les conditions de nomination et de détachement dans le corps des conservateurs généraux du patrimoine”.

Dans leur lettre, dont nous avons eu connaissance, les conservateurs d’Orsay dénoncent “une décision de circonstance visant à modifier le statut d’emploi de directeur du Musée d’Orsay pour l’adapter à la situation administrative particulière d’un des candidats” – en l’occurrence Serge Lemoine, donné favori. Détaché à la direction du Musée de Grenoble, ce dernier est en effet professeur d’université, et spécialiste du XXe siècle. Par ailleurs, “le projet scientifique de l’établissement, qui est l’un des grands départements des musées nationaux, implique que son directeur soit un spécialiste du dix-neuvième siècle internationalement reconnu et un professionnel confirmé des musées”, poursuivent les conservateurs. Or, le nouveau statut ne pose aucune condition hormis l’indice pour les fonctionnaires de catégorie A.

Crainte généralisée
En conséquence, n’importe quel haut fonctionnaire pourrait donc être nommé directeur sans aucun critère scientifique ou professionnel. La crainte est grande en effet, et pas uniquement au Musée d’Orsay, de voir la haute fonction publique annexer les postes les plus gratifiants. Pourquoi créer une École nationale du patrimoine, qui devait être “l’Éna de la culture”, pour ôter aux conservateurs leurs perspectives de carrière naturelles ? Et, puis, si le ministère veut à tout prix diversifier le recrutement, ne vaudrait-il pas mieux suivre l’exemple du Musée national d’art moderne et l’ouvrir aux étrangers ?

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°131 du 31 août 2001, avec le titre suivant : Fronde à Orsay

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