La dérive artistique de l’objet

Le Journal des Arts

Le 14 septembre 2001 - 390 mots

Consacrée au design et à son évolution, l’exposition présentée par le château de Villeneuve guide le visiteur dans un voyage à travers le XXe siècle. Le titre de la manifestation pose d’emblée, par sa forme interrogative, la question complexe de la place et du statut de ces productions dans le domaine de la création plastique.

VENCE - Malgré l’intérêt croissant que suscite aujourd’hui le design, rares sont les institutions publiques (musée ou centre d’art) qui lui ouvrent leurs portes. Pionnier en la matière, le Musée d’art moderne de Saint-Étienne a été un des seuls – avec le Centre Georges-Pompidou – à s’être engagé dans cette voie, constituant une collection historique de tout premier plan. C’est un regard sur ce fonds que le château de Villeneuve propose aujourd’hui en mettant en scène les grands “hits” de chaque époque et en les confrontant à des œuvres qui ont été leurs contemporaines. Des correspondances de formes et de matières affleurent de cette promiscuité : Marcel Breuer, Charles et Ray Eames, Le Corbusier, Verner Panton côtoient Tony Cragg, César Domela, Simon Hantaï, ou Auguste Herbin. La scénographie sait éviter l’instrumentalisation des pièces ainsi que les amalgames abusifs. La question du statut de l’œuvre d’art se trouve à nouveau posée dans le mode de présentation du mobilier. Le lieu, par la nature de son architecture, permet un accès privilégié aux objets, et recrée l’intimité d’un intérieur privé, atmosphère renforcée par la présence d’œuvres d’art. La mise en espace d’objets – non destinés à l’origine à être exposés mais conçus dans un but fonctionnel – se pose obligatoirement lors d’une telle exposition. Pas encore sculpture, mais plus tout à fait du mobilier, les pièces sélectionnées sont installées sur une estrade discrète, légèrement surélevées par rapport au sol, ce qui ôte tout ambiguïté quant à leur possible usage. Le parcours de la manifestation se fait l’écho des grands courants esthétiques qui ont marqué l’histoire récente du design, souvent initiés eux-mêmes par des avancées techniques nouvelles (utilisation de tube métallique, bois courbé, lamellé collé, ou plastique).

- OBJETS D’ART ?, jusqu’au 30 novembre, château de Villeneuve, Art moderne et contemporain, Fondation Émile-Hugues, 2 place du Frêne, 06140 Vence, tél. 04 93 58 15 78, tlj sauf le lundi 10h-18h jusqu’au 30 septembre, et 10h-12h30 et 14h-18h d’octobre à novembre, catalogue, éd. RMN, 64 p., 79 F (12,4 euros).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°132 du 14 septembre 2001, avec le titre suivant : La dérive artistique de l’objet

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