Valse-hésitation

Le Musée national de Corée en déroute

Le Journal des Arts

Le 14 septembre 2001 - 676 mots

Le nouveau Musée national de Corée, en construction depuis plus de quatre ans, a été l’objet d’une polémique secouant le gouvernement. Les défaillances du projet mettent en porte-à-faux cette institution destinée à devenir l’une des plus vastes du monde.

SEOUL - Le Musée national de Corée (NMK) a successivement occupé de nombreux sièges entre Pusan et Séoul, depuis 1945. Plus récemment, en 1993, Kim Young-sam, le président coréen de l’époque, prit la décision de faire démolir, malgré les protestations des historiens de l’architecture, le bâtiment que le musée occupait depuis 1986. Le projet du nouveau NMK, remporté par voie de concours par le cabinet d’architectes coréen Junglim, prévoyait au départ une institution gigantesque bénéficiant d’un budget colossal de 329 milliards de wons coréens (1,8 milliard de francs). Depuis, le NMK de Séoul a subi tourmentes et controverses. Un rapport parlementaire soumis au printemps par un comité pour la Culture et le Tourisme de l’Assemblée nationale, a accusé le programme de nombreux défauts. Priant le gouvernement de réexaminer l’ensemble du projet en construction depuis 1997, le rapport met en avant les anomalies de fabrication et les décisions hâtivement prises concernant la conception de ce bâtiment de six étages dans le Yongsan Family Park. L’inauguration du NMK, destiné à devenir le cinquième musée du monde par sa taille, était prévue pour la fin de 2002. Cependant, seul un tiers de l’édifice est terminé.

Héliport militaire américain
Depuis l’explosion de la controverse entretenue par les médias coréens, le gouvernement nie systématiquement l’existence de problèmes majeurs sur le chantier et soutient que son ouverture aura lieu d’ici 2003. Cependant, les experts ont relevé des vices dans la conception du bâtiment, un budget inadéquat ainsi qu’un problème majeur : la présence à quelques centaines de mètres de l’entrée du nouveau musée de l’héliport militaire américain. Suite aux recommandations du comité, le plan général de la construction est actuellement en voie d’être révisé : “Après que la vérification de notre travail sera terminée, explique le porte-parole de l’équipe, nous ferons de notre mieux pour construire un meilleur musée en adoptant les éléments modifés dans le projet existant.” En outre, le musée ne disposait que d’un an pour procéder à l’accrochage de ses collections dans l’ensemble du musée. Concédant que la date d’ouverture initialement prévue était optimiste, le gouvernement a allongé le délai de six mois. De plus, la présentation des œuvres devrait subir des modifications. “De nouvelles techniques [d’exposition] sont sans cesse développées, et de nouvelles pièces ont été achetées ou dégagées de fouilles par le Musée national de Corée.” Autrefois indépendante de l’administration du musée, les trente et une personnes constituant l’équipe du projet de construction sont désormais placées sous l’autorité du directeur du Musée national. Cependant, le problème de l’héliport doit encore être résolu. “Nous négocions depuis 1997 avec l’Armée de l’Air des États-Unis pour un déplacement de l’héliport vers un autre site à Séoul, affirme le porte-parole. Après la recommandation du comité, nous discutons plus positivement avec l’aviation militaire américaine, avec l’aide du gouvernement. Nous espérons que l’héliport sera déplacé dans l’année afin que la construction puisse prendre toute son ampleur.”

Si le budget de construction n’a pas subi les revers de la crise économique de la fin 1997, le budget d’acquisition du musée est passé, en revanche, de 4,5 milliards de wons coréens à 3 milliards (de 25 millions de francs à 16,8 millions). Le porte-parole a décrété que, comme le laissaient entendre les médias coréens, les collections du musée sont pauvres : “14 000 œuvres d’art ont été choisies pour l’exposition, il y a cinq ans.” Le problème du nombre de conservateurs n’a pas, quant à lui, trouvé de solution. On estime qu’au moins 200 conservateurs seraient nécessaires pour faire fonctionner le nouveau musée, mais ce dernier n’en emploie actuellement que 40. “Nous avons demandé au gouvernement d’embaucher 73 conservateurs de plus, explique le porte-parole, mais les effectifs nécessaires en personnel n’ont pas été atteints en raison de la crise économique. Nous avons prévu cette année de renouveler notre demande. Nous espérons que le gouvernement y répondra bientôt."

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°132 du 14 septembre 2001, avec le titre suivant : Valse-hésitation

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