Düsseldorf se privatise

Le Museum Kunst Palast fait largement appel aux sponsors

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 28 septembre 2001 - 500 mots

Né de la fusion de plusieurs institutions auparavant indépendantes, le Museum Kunst Palast de Düsseldorf vient d’inaugurer un nouveau bâtiment et propose un accrochage repensé de ses collections permanentes. Pour l’ouverture, Jean-Hubert Martin a conçu une étonnante exposition sur le thème des autels.

DÜSSELDORF - Lancée en 1998, la Fondation “Museum Kunst Palast” est basée sur un partenariat public-privé inédit en Allemagne qui unit la ville de Düsseldorf et l’entreprise E.ON AG. Cet accord prévoit le versement initial par la société d’une subvention annuelle de 2 millions de marks (6,7 millions de francs) pendant dix ans. De plus, les trois premières années, le musée recevra   3 millions de marks (environ 10 millions de francs) supplémentaires. À ces montants, il faut ajouter ceux versés par deux autres entreprises qui ont signé des accords de partenariat, en mai pour Metro AG – un million de marks puis 250 000 marks annuellement – et en août pour Degussa AG (un million de marks versés sur trois ans). Le budget total pour 2001 s’élève à 20 millions de marks.

Situé au bord du Rhin, le complexe comprend notamment un nouveau bâtiment conçu par l’architecte de Cologne Oswald Mathias Ungers, déjà auteur de la Kunsthalle de Hambourg (1998), de l’ambassade d’Allemagne à Washington (1994) ou du nouveau Musée Wallraf-Richartz à Cologne (2001) (lire le JdA 122, 2 mars 2001). La construction abrite une salle de concert et quatre grands espaces d’expositions temporaires totalisant 3 000 mètres carrés. Le complexe comprend également, après une cour, un immeuble de bureaux appartenant au principal sponsor du musée, E.ON AG, édifice lui aussi construit par Ungers. Les larges volumes des espaces d’expositions, dont les hauteurs sous plafond diffèrent les unes des autres, n’arrivent pourtant pas à donner l’impression au visiteur qu’il se trouve dans un musée. Les portes d’accès aux salles, les détails de l’aménagement intérieur font malheureusement écho aux salles polyvalentes qui fleurissent dans la campagne allemande. Dans le bâtiment historique du musée, la présentation de la collection permanente a été entièrement repensée à l’initiative du directeur du Museum Kunst Palast, le Français Jean-Hubert Martin. Ce dernier a décidé de rendre l’initiative aux artistes en proposant à Thomas Huber et Bogomir Ecker de concevoir un accrochage thématique de la collection, conçu également avec la collaboration de Tony Cragg, Hermann Pitz et Hans-Dirk Hotzel. Rompant délibérément avec une logique chronologique, les œuvres sont réunies en fonction de leur iconographie, à l’image d’une salle consacrée au paysage et dans laquelle se côtoient Jawlensky, van Ruisdael, Böcklin ou van Scorel. L’accrochage fait aussi la part belle aux artistes qui ont travaillé à Düsseldorf, comme Daniel Spoerri, Joseph Beuys, Ferdinand Kriwet ou Gerhard Richter.

Malgré tout, ce n’est pas vraiment du côté du “Musée des artistes” que se trouvent les surprises mais plutôt dans l’exposition inaugurale, “Autels”, qui réunit des espaces de cultes souvent consacrés.

- Museum Kunst Palast, Ehrenhof 4-5, Düsseldorf, tél. 49 211 892 42 42, tlj sauf lundi 12h-20h, Internet : www.museum-kunst-palast.de ; exposition “Autels�? jusqu’au 6 janvier 2002

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°133 du 28 septembre 2001, avec le titre suivant : Düsseldorf se privatise

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