Graver l’antique

Le Journal des Arts

Le 12 octobre 2001 - 465 mots

Après « Caravage et les Giustiniani » (lire le JdA n° 120, 2 février 2001), une nouvelle exposition à Rome revient sur un sujet tout juste évoqué dans la manifestation précédente : les collections d’antiquités des frères Giustiniani vues à travers deux grands volumes de gravures.

ROME (de notre correspondant) - L’idée de cette exposition est partie de la découverte d’un bel ensemble de matrices de La Galleria Giustiniana, une publication du XVIIe siècle en deux volumes souhaitée par le marquis Vincenzo Giustiniani pour illustrer la plus belle partie des collections archéologiques, rassemblées avec son frère, Benedetto. Il y a une quinzaine d’années, à l’occasion de la remise aux Archives d’État du fonds Giustiniani conservé dans le palais de famille à Gênes, plus de 280 plaques en cuivre, sur 322 au total, ont été retrouvées, emballées avec soin dans du papier et noyées au milieu de documents divers. Après les avoir cataloguées, la Surintendance des biens artistiques et historiques de la ville les a restituées à l’exécuteur testamentaire. Dans une situation légale délicate, ces matrices se sont retrouvées à l’Institut national d’art graphique où elles font l’objet d’une étude et d’une restauration.

La Galleria Giustiniana est surtout née du désir d’autocélébration de Vincenzo Giustiniani. Pour cette entreprise, le marquis fait appel aux dessinateurs et aux graveurs de toute l’Europe. Il reçoit ainsi dans son palais les Italiens Giovanni Lanfranco et Giovan Francesco Romanelli, l’Allemand Joachim Sandrart, le Français Claude Mellan, le Flamand Cornelis Bloemaert et bien d’autres, créant une sorte de cénacle artistique. Avant la découverte et l’étude systématique des plaques, environ la moitié des gravures avait été attribuée, mais on connaît aujourd’hui pratiquement tous les noms des auteurs des dessins et gravures sur cuivre. Le travail de comparaison entre les plaques et les modèles originaux dispersés de par le monde constitue un autre aspect des recherches effectuées. En outre, il permet de comprendre la perception de l’antique par ces graveurs du XVIIe siècle et de reconstituer le climat culturel romain de l’époque, qui faisait référence à la cour du pape Urbain VIII (1622-1644) et à des personnalités telles Cassiano Dal Pozzo.

L’exposition présente environ 80 gravures anciennes et retirages, une vingtaine de plaques, quelques dessins originaux liés aux gravures, diverses éditions de La Galleria Giustiniana et un groupe réduit de sculptures antiques qui voisinent avec les gravures correspondantes : deux bustes célèbres de philosophes des Musées du Capitole, un autel funéraire et un putto des Musées du Vatican, une tête colossale du pavillon de Latran et quelques pièces prêtées par des collectionneurs privés. L’installation prévoit aussi la reconstitution d’une partie de la galerie des antiquités du Palazzo Giustiniani.

- LES GIUSTINIANI ET L’ANTIQUE, du 25 octobre au 27 janvier, Palazzo della Fontana di Trevi, via Paoli 54, Roma, tél. 39 06 699 80 257.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°134 du 12 octobre 2001, avec le titre suivant : Graver l’antique

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