La Tate Britain ménage l’art anglais

La « peinture nationale » dispose enfin d’espaces d’exposition à sa mesure

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 9 novembre 2001 - 793 mots

Grâce à l’ouverture du Centenary Development à la Tate Britain, la peinture anglaise a enfin toute sa place à Londres. Après le déménagement de la collection d’art moderne international à la Tate Modern, les travaux entrepris ont permis de créer de nouvelles salles et de réaliser un siècle plus tard le vœu d’Henry Tate, qui voulait un « musée national » consacré à l’art britannique.

LONDRES (de notre correspondant) - Les salles de Millbank avaient ouvert en 1897 pour accueillir des tableaux britanniques, mais vingt ans plus tard, l’institution a commencé une collection d’art moderne international. Depuis quelques années, l’espace était devenu trop exigu, malgré un accrochage tournant. Il a alors été décidé d’ouvrir un autre musée à Londres. Ce fut la Tate Modern, à Bankside. Non seulement les collections britanniques disposent désormais de l’ensemble du bâtiment de Millbank, mais une extension, la plus grande depuis son ouverture, a été construite, le Centenary Development. Conçu par John Miller and Partners, cette extension offre des salles supplémentaires dans le quart nord-ouest de l’enceinte du musée, ainsi qu’un nouvel accès sur Atterbury Street. Près de l’entrée, au rez-de-chaussée, se trouvent les Linbury Galleries, une succession de cinq salles destinées aux expositions temporaires. Au même étage, le nouveau Research Centre (centre de recherche) ouvrira ses portes au printemps, ainsi que la bibliothèque et les archives.

Un grand escalier (qui sera temporairement installé l’immense Britain seen from the North – La Grande-Bretagne vue du Nord – de Tony Cragg) permettra d’accéder à l’étage principal où se trouvent quatre nouvelles salles et cinq réaménagées. L’histoire de l’art britannique commence avec une série de salles, enfin climatisées, dans le quart nord-ouest où seront exposées des œuvres exécutées jusqu’en 1800. Vient ensuite le quart sud-ouest pour le XIXe siècle (à l’exception de la plupart des Turner qui resteront dans la Clore Gallery, construite en 1987). Ces salles se déploient jusqu’à l’entrée côté Tamise, qui sera maintenue.

Près de la moitié de l’art britannique conservé à Millbank est postérieur à 1900. Face à la porte d’origine, dans le quart sud-est, se trouve l’art moderne jusqu’à 1960. Jusqu’à présent, le dernier quart, au nord-est, était en grande partie réservé aux expositions temporaires. Il accueillera désormais l’art d’après 1960. La première exposition temporaire présentée dans l’espace de l’étage principal sera consacrée aux candidats sélectionnés pour le Turner Prize, avec des œuvres de Richard Billingham, Martin Creed, Isaac Julien et Mike Nelson.

Henry Tate avait fait don de 65 tableaux, mais, aujourd’hui, la collection britannique est riche de 2 400 toiles jusqu’à 1900 et de 1 100 œuvres du XXe siècle. Même avec l’espace supplémentaire, la Tate Britain ne peut exposer que 600 tableaux, soit 17 % de sa collection. La rotation des œuvres à Millbank continuera, surtout pour les œuvres du XXe siècle. Les travaux sur papier seront mieux lotis : les plus grands artistes seront exposés en permanence. Hogarth et Blake, entre autres, ont désormais une salle qui leur est entièrement consacrée, tandis que Constable en a trois.

D’autres projets en perspective
Le coût total du Centenary Development s’élève à 32,3 millions de livres sterling (338 millions de francs), dont 18,75 millions ont été pris en charge par l’Heritage Lottery Fund – le Fonds de la Loterie pour le Patrimoine. La donation privée la plus élevée est sans aucun doute celle de Sir Edwin et Lady Manton, qui ont donné 10 millions de livres. Vient ensuite celle du Linbury Trust, qui appartient à la famille de Lord et Lady Sainsbury of Preston Candover. Elle a permis de financer les Linbury Galleries, consacrées aux expositions temporaires.

Les travaux de construction ont commencé en 1998 et tout se passait pour le mieux jusqu’aux pluies torrentielles de l’année dernière, le dimanche de Pâques, qui ont inondé les fondations fraîchement construites. Conséquence : cinq millions de livres de dégâts et cinq mois de retard.

Deux autres projets de développement sont également envisagés dans le périmètre immédiat de la Tate. En face de l’entrée sur Atterbury Street se trouve l’ancienne école de médecine de l’armée royale, qui a été rachetée en début d’année par le London Institute qui souhaite y installer le Chelsea College of Art and Design (école d’art et de design). Les avant-projets sont actuellement à l’étude afin de transformer la cour des défilés en un jardin public de sculptures et d’ouvrir un passage vers la station de métro Pimlico. Millbank Pier (la jetée de Millbank) devrait ouvrir au printemps prochain, offrant aux visiteurs de la Tate Modern un nouveau service de navettes fluviales. Pour l’avenir, il faudra trouver un successeur à Lars Nittve qui a démissionné en juin dernier, pour prendre la tête du Moderna Museet de Stockholm. En attendant, le directeur général Nicholas Serota a été nommé directeur exécutif de la Tate Modern.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°136 du 9 novembre 2001, avec le titre suivant : La Tate Britain ménage l’art anglais

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