Sotheby’s joue la continuité

Le Journal des Arts

Le 23 novembre 2001 - 553 mots

Pas de triomphalisme, pas de vente événement. Pour ses premières vacations officielles à Paris, Sotheby’s poursuit tranquillement le chemin entamé il y a deux ans pour se faire une place sur le marché français.

PARIS - Alors que son confrère auctioneer Christie’s semble avoir patiemment élaboré un programme parisien en forme de feu d’artifice pour célébrer son agrément par le Conseil des ventes volontaires, Sotheby’s ne révolutionne rien pour ses premières ventes à la galerie Charpentier. Il s’agit plus d’un prolongement logique que d’un programme inaugural. La vacation phare de cette fin 2001 sera donc la poursuite de la dispersion de l’exceptionnelle bibliothèque Charles Hayoit. Suivra une vente de bel ameublement, objets d’art et orfèvrerie européenne où seront proposées les collections Roger Imbert et Édouard Barrès. Entre ces deux dates s’intercale une vacation assez classique à l’hôtel des ventes du Palais des Congrès, le tout sous le marteau de Mes Poulain et Le Fur.

La collaboration entre Sotheby’s et l’étude parisienne remonte à 1999, date à laquelle l’auctioneer contournait la loi sur le monopole des commissaires-priseurs en s’adjoignant ses services pour vendre in situ, au château de Groussay dans les Yvelines, la collection Beistegui de meubles, tableaux et arts décoratifs. Sotheby’s a désormais le droit d’organiser des ventes sous sa seule enseigne et dans ses propres locaux, mais elle continue à collaborer avec l’étude Poulain-Le Fur, reste à savoir pour combien de temps... Rue du Faubourg Saint-Honoré, on est peu disert sur le sujet.

La bibliothèque Hayoit, vente phare
Cette ère discrètement nouvelle s’ouvrira donc le 29 novembre par la seconde vente de la bibliothèque littéraire du collectionneur belge Charles Hayoit, entièrement consacrée à la littérature française, du XVIIe au XXe siècle. La première cession consacrée aux livres anciens des XVIIe et XVIIIe siècles, en juin dernier, avait réalisé un montant total dépassant 26 millions de francs. Charles Hayoit se plaisait à collectionner, outre les éditions rarissimes, annotées ou dédicacées de préférence, les manuscrits autographes. Cette seconde salve de ventes se déroulera en deux parties consacrées aux auteurs des XIXe et XXe siècles. Quelques noms : Marcel Proust, Émile Zola, Alphonse Daudet, Pierre Louÿs, Louis-Ferdinand Céline... Lot phare : un manuscrit autographe des Faux-Monnayeurs d’André Gide, relié dans les années 1950, estimé entre 3 et 5 millions de francs. À noter également : l’édition originale d’Une saison en enfer, d’Arthur Rimbaud, complétée du manuscrit autographe d’un sonnet de Verlaine dédié à son ami (120 000-180 000 francs). Face à cette vente événement pour les bibliophiles, les deux vacations de décembre consacrées au bel ameublement et aux arts décoratifs font presque pâle figure. Celle des 5 et 6 décembre au Palais des Congrès est en réalité une vente de l’étude Poulain-Le Fur, pour laquelle Sotheby’s a assuré l’expertise. De bon niveau, elle ne comporte pourtant pas de pièces exceptionnelles. Une vente plus haut de gamme aura lieu le 18 décembre, galerie Charpentier cette fois, sous la seule enseigne de Sotheby’s. Au programme : des pièces maîtresses dans leur catégorie, comme un ensemble de légumiers de 1788 par Henry-Louis Dutry, estimé entre 300 000 et 400 000 francs, deux commodes en marqueterie de fleurs d’époque Louis XVI par Topino, attendues entre 5 et 7 millions, ou encore une tapisserie des Gobelins d’époque Louis XVI, classée aux Monuments historiques, estimée entre 1,5 et 2 millions de francs.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°137 du 23 novembre 2001, avec le titre suivant : Sotheby’s joue la continuité

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque