Nice : gare à la mairie !

Une instance de classement compromet le projet du maire

Le Journal des Arts

Le 23 novembre 2001 - 505 mots

La ville de Nice voulait détruire l’ancienne gare du Sud pour construire un nouvel hôtel de ville. En mettant l’édifice en instance de classement, les services du ministère de la Culture remettent en cause les grands projets du maire, Jacques Peyrat, et l’invitent à réfléchir à des mesures de sauvegarde.

NICE - L’ancienne gare du Sud dresse sa carcasse désolée en plein cœur de la ville. Depuis de nombreuses années, la municipalité nourrissait d’ambitieux projets pour y installer le nouvel hôtel de ville, où seraient regroupés la plupart des services aujourd’hui dispersés. À l’issue d’un concours d’architecture, le projet de Pierre-Louis Falocci a été retenu parmi quatre finalistes. Las, celui-ci en conformité avec le cahier des charges ne prévoyait la conservation d’aucun élément de la gare désaffectée. Aussi, la direction de l’Architecture et du Patrimoine au ministère de la Culture a décidé de placer le bâtiment en instance de classement, qui, précise-t-elle dans un communiqué, est “une mesure provisoire de protection pour une période maximum d’un an”. Construite par l’architecte Prosper Bobin en 1892, la gare du Sud appartient à la lignée architecturale de la gare du Nord à Paris, œuvre d’Hitthorf, et elle s’y rattache notamment par la disposition de sa façade. “Dans le but de concilier le projet d’édification de la nouvelle mairie avec les mesures de sauvegarde nécessaires”, le ministère entend donc mener “dans les plus brefs délais, et en liaison avec la ville de Nice, une réflexion sur le devenir de cet édifice remarquable”.

Le maire, Jacques Peyrat (RPR), ne décolère pas, parlant de “tromperie”, et menace de demander la résiliation de la vente à la ville de ces terrains par l’État pour plus de 83 millions de francs. En effet, lors de la transaction il y a quelques mois, l’État avait certainement connaissance du projet.

Entre l’achat de l’ensemble et différents forums de l’urbanisme auxquels s’ajoute le prix d’études, ce sont 100 millions de francs qui sont sortis des caisses de la ville pour ce grand dessein. Mais lors du vote d’adoption du projet de cette nouvelle mairie, les quatorze élus socialistes, cinq Front national et un divers droite avaient voté contre. Les socialistes qui avaient dénoncé pendant la campagne “les projets pharaoniques” du maire, avec cet hôtel de ville et un nouveau port – qui connaît aussi des remous –, se réjouissent de ce coup d’arrêt. “Jacques Peyrat paye le prix du manque de concertation avec son opposition. Il ne veut pas céder d’un pouce”, a souligné Jean-François Knecht (PS). “Nous appelons de tous nos vœux un classement définitif. Nous sommes garants d’un patrimoine auquel nous sommes attachés comme tous les Niçois”, dit-il. Cet élu préférait voir se construire une mairie annexe avec des espaces verts, un gymnase et un commissariat destiné à la police de proximité. Dans la rue, les avis sont partagés entre des résidents, plus enclins à une certaine tranquillité dans un quartier où ils ont toujours vécu, et des commerçants qui voyaient d’un bon œil “cette locomotive urbanistique et sociale”, selon les propos du maire.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°137 du 23 novembre 2001, avec le titre suivant : Nice : gare à la mairie !

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