Ventes aux enchères

Genève, capitale de la haute joaillerie et des montres rares

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 7 décembre 2001 - 670 mots

Les plus importantes ventes aux enchères de bijoux et de montres se déroulent à Genève, en novembre et en mai. Un commerce florissant et une tradition historique expliquent l’importance prise par la cité lémanique dans ce marché.

La Suisse, une passerelle entre l’Asie et les États-Unis
Selon Michael Hall, expert en bijoux chez Sotheby’s, “la situation géographique de Genève, passerelle entre l’Asie et les États-Unis, son port franc qui permet une simplification des procédures de vente et l’examen des marchandises et surtout une TVA très basse comparativement à l’Union européenne sont les atouts qui lui ont permis de s’imposer”. Mais l’image qu’elle véhicule contribue plus encore à forger cette réputation. Pour Stefan Puttaert, directeur de Phillips Suisse, “Genève est la ville des organisations internationales, des banques privées et de l’horlogerie. L’importante tradition horlogère de la ville explique ce choix”. Image cliché ? Pas vraiment. Genève a exporté en 2000 pour 4,8 milliards de francs suisses de bijoux et de montres, soit 48 % du total des marchandises exportées durant l’année par le canton (comparativement, les bijoux et montres ne représentent, pour la totalité de la Suisse, que 9,3 % des biens exportés, selon les chiffres publiés en 2001 par l’Office cantonal de la statistique de Genève, Ocstat). Les chiffres réalisés par les maisons de vente aux enchères dans ces secteurs ne représentent donc qu’un faible pourcentage de celui du commerce genevois. Toutefois, c’est bien cette image d’un marché florissant et d’une tradition historique qu’exploitent les auctioneers en arrière-fond de leurs ventes.

Plus de 3 millions de francs suisses pour une montre
Durant la session de novembre, les ventes d’horlogerie ont largement occupé le devant de la scène et l’on a vu émerger un secteur en plein développement, épargné par les turbulences politiques et les signes de récession. Pour Aurel Bacs, responsable du département montres chez Phillips, plusieurs raisons expliquent ce phénomène : “Les ventes aux enchères de montres-bracelets sont un marché récent, âgé d’à peine vingt ans. Il y a donc un phénomène de découverte et d’engouement chez beaucoup de collectionneurs. Les modèles mécaniques prestigieux sont devenus à la mode, comme l’étaient les voitures de collection il y a trente ans. Mais surtout, les publications récentes permettent une meilleure appréciation des objets et contribuent à assainir le marché.” Constat partagé par Brandon Thomas, l’expert de Christie’s, qui note que “depuis dix ans, ce marché se développe de façon exponentielle, en particulier pour les pièces rares”. La réévaluation se fait dans les deux sens : des records sont battus chaque session pour des mécanismes à complications, tandis que les objets moyens voient leur prix baisser. Le record de la montre-bracelet la plus chère est détenu par Phillips qui a adjugé pour 3,1 millions de francs suisses une Patek Philippe en or jaune (réf. 1591) de 1944 lors des enchères de novembre. Le total réalisé cette semaine-là par les ventes des quatre auctioneers constitue le montant le plus élevé jamais atteint pour des ventes de montres. On ne manquera pas de mette en relation ces chiffres avec l’inauguration, lors de cette même semaine, du Musée privé Patek Philippe à Genève, qui propose un parcours de l’histoire de l’industrie horlogère et du destin exceptionnel de la marque à travers l’exposition de centaines de pièces, dont plusieurs sont rarissimes.

Plus sensibles aux retournements conjoncturels, les ventes de haute joaillerie affinent leur stratégie. Dans ce marché plus resserré, les objets haut de gamme continuent de se vendre, mais le marché moyen stagne. Selon Éric Valdieu, expert en joaillerie chez Christie’s, “pour vendre un bijou aujourd’hui, il faut une signature, une belle ligne, des pierres de qualité et une estimation juste. Le marché est devenu très sélectif”. Signe tangible de cette évolution, le nombre de lots offerts s’est réduit d’un tiers depuis deux ans et les experts se démènent pour dénicher des bijoux introuvables. Diamants bleus, créations Art déco signées Cartier ou Dusausoy, parures indiennes antiques, les ventes de bijoux doivent s’afficher de plus en plus comme des ventes d’exception pour séduire des clients devenus difficiles.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°138 du 7 décembre 2001, avec le titre suivant : Genève, capitale de la haute joaillerie et des montres rares

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