L’édition 2002 du Salon de Mars annulée

Le Journal des Arts

Le 25 janvier 2002 - 478 mots

Tout avait pourtant bien commencé, en mars 2000, lorsque Viviane Jutheau de Witt et Daniel Gervis avaient importé de Paris à Genève le Salon de Mars : des galeries enthousiastes, des collectionneurs satisfaits, un public genevois flatté, un concept adapté alliant antiquités, mobilier, art moderne et joaillerie. C’est pourtant ce mélange des genres qui a contribué à former des nuages dans le ciel de Palexpo où se tenait le Salon, jusqu’à l’annulation de la troisième édition qui devait avoir lieu du 6 au 14 avril.

GENÈVE - Depuis quelques mois déjà, les menaces du Salon international de la haute horlogerie (SIHH) n’annonçaient rien de bon. En 2001, craignant la concurrence, le SIHH avait réussi à imposer que les exposants du Salon de Mars ne présentent pas de “produits horlogers datant d’après 1900”. Puis, il a modifié les dates de son édition 2002 qui devait ainsi se tenir au même moment que le Salon de Mars. Cette concordance de dates lui a permis d’invoquer “une clause d’exclusivité et de non-concurrence” du contrat qui le lie à Orgexpo, l’organisme de gestion du centre des expositions, pour interdire la présence des joailliers au Salon de Mars. Malgré une demande d’aide au Conseil d’État de Genève et le soutien des exposants, l’énergique Viviane Jutheau de Witt n’a pas réussi à sauver son salon au concept original. Pour des raisons économiques notamment, il était délicat de renoncer, trois mois avant l’ouverture, à la présence d’une partie des exposants. D’autre part, il n’était pas question de modifier dans d’aussi brefs délais les dates ou le lieu du salon. Ainsi, selon Daniel Gervis, Orgexpo a fait traîner les choses et devant l’imminence de la date, l’annulation a été décidée afin de ne pas mettre en cause “la qualité du travail”, garante du succès du Salon de Mars.
Dans cette affaire, la déception règne de tous côtés et il semble s’agir d’un fâcheux malentendu dont souffrira certainement l’image de la ville. Bruno Luratti, directeur général d’Orgexpo, pourtant à l’origine de la décision, regrettait dans le quotidien La Tribune de Genève l’annulation de ce “prestigieux salon qui attire une clientèle internationale haut de gamme”. Barbara Polla, de la galerie Analix Forever, à Genève, soutien actif du projet dès son origine, se dit “très triste car ce salon constituait un réel plus pour Genève” et regrette que l’on ne puisse pas voir les effets sur le long terme des importants investissements déjà faits. Viviane Jutheau de Witt se veut d’un relatif optimisme et “garde le souvenir d’une très belle et passionnante aventure qu’elle essaiera de reprendre en 2003”. En effet, aucune décision n’a encore été prise par les organisateurs qui réfléchissent à l’opportunité de poursuivre cette expérience dans un autre lieu. Le pari de venir s’installer à Genève était osé, mais les deux premières éditions ont remporté le succès. Il serait décevant que cette audacieuse initiative s’arrête là.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°141 du 25 janvier 2002, avec le titre suivant : L’édition 2002 du Salon de Mars annulée

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