Le cycle de la vie

Le Guggenheim de Berlin expose Bill Viola à grande échelle

Le Journal des Arts

Le 8 mars 2002 - 470 mots

Présentée au Guggenheim Museum de Berlin, Going Forth By Day, la dernière œuvre de Bill Viola, s’impose comme l’une de ses productions les plus abouties. Fidèle à ses thèmes, le vidéaste y croise la vie, la mort et l’au-delà en se référant, par le biais d’une technologie avancée, à la Renaissance italienne.

BERLIN (de notre correspondante) - “Je veux créer un espace absolument réel, objectif, représentatif de l’endroit où se trouve la mort. Mieux encore, je voudrais non pas faire un travail sur la mort, mais sur l’endroit qui se trouve au-delà de la mort. C’est le nouveau paysage qui a besoin d’être représenté.” Tels sont les mots avec lesquels Bill Viola cherchait en 1999 à décrire devant la commission du Deutsche Guggenheim le projet qu’il avait à l’esprit : “Un hall d’images en mouvement... de mondes parallèles... un film dans lequel pénétrer.” Accepté avec enthousiasme, le projet prend aujourd’hui pleinement corps. Entretemps, le titre a toutefois changé, passant de Fresco Cycle à Going Forth By Day, et l’œuvre a revêtu la forme d’une projection sur cinq écrans, chacun diffusant un court-métrage en boucle de trente minutes. Le premier, Feu-Naissance, montre le corps d’un homme immergé dans une eau qui vire au rouge. Le Sentier est composé d’une longue file d’hommes et de femmes qui avancent lentement à travers un bois vers une destination inconnue. Spectaculaire, Le Déluge prend pour sujet une maison qui explose littéralement sous les coups d’un flux d’eau incontrôlable venant de l’intérieur. Dans une atmosphère funéraire, Le Voyage croise l’agonie d’un vieillard avec le départ sur une péniche de deux jeunes hommes. Enfin, La Première Lumière s’attarde sur les vestiges d’une tempête où un groupe de pompiers cherche en vain des survivants.
Dans l’espace, le son des différentes séquences s’entremêle, et le visiteur se retrouve comme au centre d’une expérience physique totale ou plutôt, selon les termes plus “bouddhistes” de Viola : “une expérience totale du moi intérieur”.
Going Forth By Day se veut comme une œuvre de réconciliation, éloignée de la réalité, où les cycles de naissance, de vie et de mort se succèdent en harmonie. Symptomatique du travail de l’Américain par ses thématiques et son traitement, l’œuvre n’en est pas moins, selon l’intéressé, l’une de ses pièces les plus abouties. Filmés en studios, les films ont nécessité la collaboration de plus de 150 personnes et le recours aux dernières avancées du numérique. Comme à son habitude, Viola manie ces outils dans la référence au passé et cite la chapelle des Scrovegni, peinte par Giotto à Padoue, comme le point de départ de Going Forth By Day. Enfin, l’épisode fait, lui, référence à la Storia di Nastasio degli Onesti de Botticelli (1483).

- Bill Viola. GOING FORTH BY DAY, jusqu’au 5 mai, Deutsche Guggenheim, Unter den Linden, Berlin, tél. 49 30 202093 20, tlj 11h-20h..

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°144 du 8 mars 2002, avec le titre suivant : Le cycle de la vie

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