L’oratoire des Bianchi ouvre à Palerme

Le Journal des Arts

Le 22 mars 2002 - 493 mots

L’oratoire des Bianchi à Palerme, riche de vestiges de la domination arabe et de fresques du XVIIIe siècle, a été entièrement restauré. Ce monument, bientôt ouvert au public, fera office d’extension du palais Abatellis, siège de la Galerie régionale de Sicile.

Palerme (de notre correspondante) - Après sept années de travaux et avec 3,6 millions d’euros financés par l’Union européenne, la capitale sicilienne est sur le point de rouvrir l’oratoire des Bianchi – un monument que le tremblement de terre de 1968 avait dévasté. Le nouveau projet a prévu la réhabilitation des lieux en espaces d’exposition reliés au bâtiment voisin, le palais Abatellis, siège de la Galerie régionale de Sicile. Le complexe de l’oratoire est situé dans le quartier arabe de Kalsa où subsistent des constructions datant de la domination islamique au Xe siècle, telle la citadelle fortifiée de Al Halisah. La partie la plus ancienne de cet ensemble, la Porte de la Victoire ainsi nommée après le triomphe du condottiere normand, Robert Guiscard, sur les Arabes en 1071, avait été redécouverte lors d’une première restauration en 1994, puis nettoyée par microsablage pour en éliminer la rouille. Elle sera replacée à l’intérieur d’une des chapelles latérales de l’église Santa Maria della Vittoria datant du XVe siècle, respectant ainsi le projet de l’architecte Matteo Carnelivari, auteur du palais Abatellis. Destiné à accueillir le siège de la Compagnie royale du Très Saint Crucifix, dite Compagnie des Bianchi à cause de la couleur blanche de l’habit de ses adeptes, l’oratoire est édifié à partir de 1542. À la suite d’un incendie, des travaux de réfection sont entrepris entre 1681 et 1686, années pendant lesquelles sont également construits le grand portique à arcades et un salon réservé aux affaires confidentielles de la Compagnie. En 1733 y est ajouté le petit oratoire, dit “de la bonne mort”, pour les exercices spirituels des frères, puis, onze ans plus tard, le grand escalier en marbre blanc de Carrare qui relie l’église aux salons de l’oratoire des Bianchi. L’église, dans sa nouvelle fonction, accueille les stucs de Giacomo Serpotta, qui ornaient le monastère des Stigmates avant sa démolition, et qui étaient jusqu’alors conservés dans les dépôts de la Galerie régionale. Selon l’architecte Tornabene chargé des travaux, l’oratoire sera un musée en soi “car il est riche d’ornements décoratifs datant du XVIIIe siècle, comme le grand dallage en majolique, les peintures en trompe-l’œil du salon Fumagalli, restaurées après avoir été très abîmées par l’humidité, les quatre grandes scènes bibliques de la salle de l’Oratoire, les grotesques et pilastres décorés par Manno, peintre palermitain, également  auteur du tableau d’autel, actuellement au Musée diocésain de Palerme, qui retrouvera bientôt son lieu d’origine”.
Quant à l’ancienne sacristie, elle accueillera une exposition résumant l’évolution de la sculpture sicilienne au XVIIIe siècle. Le projet prévoit d’exproprier de nombreuses constructions avoisinantes, de façon à créer un jardin où prendront place les vestiges des anciens remparts normands, édifiés sur le site de la plus grande nécropole musulmane de Palerme.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°145 du 22 mars 2002, avec le titre suivant : L’oratoire des Bianchi ouvre à Palerme

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