Voir, entendre, toucher le public

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 5 avril 2002 - 675 mots

Goûter les vins de nos ancêtres, sentir d’illustres encens asiatiques, écouter les sons d’instruments de musique ...régionaux, découvrir des sculptures par le toucher, sans les voir... Organisée autour du thème des cinq sens, la quatrième édition du Printemps des musées réunit quelque mille musées de France et d’Europe – de la Suisse à la Russie –, le temps d’une journée, le 7 avril, marquée par la gratuité et un certain nombre d’événements.

Lancé en 1999 par le ministère de la Culture, et désormais placé sous le haut patronage du Conseil de l’Europe, le Printemps des musées, qui aura lieu cette année le dimanche 7 avril, permet de visiter gratuitement bon nombre de musées français (environ 800) et européens (environ 200). Par des expositions-dossiers, des conférences, des lectures, des interventions d’artistes, des jeux-concours, des ateliers orchestrés autour du thème “voir, entendre, toucher, sentir, goûter : les cinq sens”, ces établissements se donnent une journée pour faire découvrir leurs richesses et convaincre le public de revenir plus souvent. Le musée est par définition cet endroit où il est interdit de toucher les œuvres ou alors seulement “avec les yeux”. Défiant la censure, le château des comtes de Foix, avec “Touche si tu oses”, invite les visiteurs à manipuler une maquette modulable du château et des éléments d’architecture, tandis que le Musée Raccolte Frugone, à Gênes (Italie), a installé un parcours tactile, intitulé “La forme se dévoile”, autour de la statue en marbre d’Eduardo Rubino, Le Réveil. La sculpture sera recouverte d’un drap au travers duquel il est possible d’explorer ses formes. Dans le même ordre d’idées, le Louvre propose de palper des moulages du département des Sculptures ou une sélection de reproduction d’œuvres, dissimulées sous des sacs en toile, conçus pour seulement laisser passer les mains.

S’enivrer des saveurs du passé
Plus encore que la vue et le toucher, les sens du goût et de l’odorat ont inspiré de nombreuses institutions, tel le Musée des beaux-arts d’Arras qui propose de redécouvrir des recettes de cuisine anciennes, directement inspirées des natures mortes des XVIIe et XVIIIe siècles, ou le Musée du Cap-d’Agde, qui, avec son exposition sur les “Saveurs et senteurs antiques” (d’avril à mi-novembre), offre de déguster du résiné, célèbre vin grec datant de l’Antiquité, et de découvrir à vue de nez les saveurs oubliées des saumures de poisson, vins et olives du monde hellénistique. Les poires Abbé Setel du Muséum d’histoire naturelle d’Aix-en-Provence, les pâtisseries arabes d’Al Andalou, au Museo Arqueologico Nacional de Madrid, la roquette (salade romaine), le fenouil sauvage et le romarin du Musée archéologique de Cimiez à Nice ou encore les encens diffusés au Musée Guimet, à Paris, figurent parmi les nombreux arômes du passé à découvrir le 7 avril. Cette journée particulière met aussi à l’honneur le son et la musique. Les cloches tibétaines résonneront ainsi au Musée national de Prague (République tchèque) pendant que les bruits de la rade de Dunkerque envahiront le Musée portuaire de la ville. Sur le mode baroque, les pinacothèques de Bologne et de Ferrare (Italie) évoqueront la cour du Roi-Soleil à travers différents concerts. Enfin, la manifestation a été l’occasion pour différentes institutions d’échanger des œuvres. Le Musée Fabre, à Montpellier, a demandé à l’artiste Claudio Parmiggiani de rassembler cinq de ses créations antérieures, réparties entre des collections publiques et privées, provenant de Bologne et de Parme (Italie), pour les confronter à des toiles des XVIe et XVIIe siècles évoquant les cinq sens, l’Allégorie de la prudence (1645) de Simon Vouet (pour la vue), Le Chanteur de Giambattista Piazzetta (l’ouïe), le Mariage mystique de sainte Catherine (1560) de Véronèse (le toucher), un Vase de fleurs (1674) de Nicolaes van Veerendael (l’odorat) et Sainte Marie l’Égyptienne (1641) de Jusepe de Ribera (le goût). Le Capc-Musée d’art contemporain de Bordeaux bénéficiera, quant à lui, d’un prêt du Migros Museum, à Zurich (Suisse), deux installations spectaculaires : Message Salon Wohnwagen (1998-2000) d’Esther Eppstein et Minibar (2000) d’Alicia Framis.

- LE PRINTEMPS DES MUSÉES, entrée gratuite dans 1 000 musées de France et d’Europe le dimanche 7 avril, site Internet, http://printempsdesmusees.culture.fr.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°146 du 5 avril 2002, avec le titre suivant : Voir, entendre, toucher le public

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