Donnant, donnant

Les relations entre art et économie

Le Journal des Arts

Le 5 avril 2002 - 453 mots

Alors que les relations entre les sphères marchandes et artistiques semblent de plus en plus ambiguës, la Deichtorhallen de Hambourg s’empare
du sujet pour livrer avec « Art & Economy » sa version d’un dialogue aussi intéressant qu’intéressé.

HAMBOURG (de notre correspondant) - L’intervention, parfois déterminante, de grosses entreprises dans la promotion d’œuvres, d’expositions, d’espaces d’exposition et d’opérations culturelles ne semble jamais avoir été aussi importante que ces dernières années. Simultanément, l’art n’a pas renoncé à traiter avec une intensité toujours croissante des revers stratégiques du monde économique, et de poser sans cesse un regard critique. Organisée par Zdenek Felix, l’exposition “Art & Economy” à Hambourg ne fait pas exception à la règle et résulte d’une synergie exceptionnelle avec le Siemens Arts Programm. La manifestation présente 50 travaux de 36 artistes internationaux. Ceux-ci traitent de symboles, de mythes, d’objets et de concepts économiques ou sont le résultat d’un financement par une entreprise. Parmi les œuvres se trouvent aussi bien des pièces conçues par James Turrell et Bill Viola pour des grands groupes bancaires, que les dessins de meubles conçus par Jorge Prado pour des bureaux, les gigantesques logos lumineux de grandes industries américaines réalisés par Masato Nakamura ou les photographies d’“executive women” de Clegg & Guttmann.

Plus loin, l’exposition entend faire la lumière sur ces rapports. Elle est accompagnée d’un catalogue – financé en totalité par Siemens – qui regroupe le résultat d’une vaste enquête. Quelque 800 entreprises allemandes et internationales ont été sollicitées pour répondre à un questionnaire portant sur les critères, les structures et les causes de leur engagement dans la sphère culturelle. L’intérêt du sondage est clair : pointer les liens entre art et économie, en partant du seul point de vue économique. Comme le relève dans son texte Zdenek Felix, les interrogations sont multiples : qu’est-ce que l’art attend de l’économie ? Qu’est-ce que l’économie attend de l’art ? Leur alliance est-elle stratégique, ou bien résulte-t-elle d’une nécessité historico-culturelle ? L’art influence-t-il l’économie, ou est-ce le contraire ? S’agit-il vraiment d’éléments opposés, qui s’attirent parce qu’ils se détestent ?

Indéniablement, la sphère marchande a besoin de se créer une image, et l’art a besoin d’argent. Ce mariage de raison expliquerait alors les fondations, les collections, les musées et les projets artistiques qui portent le nom de l’entreprise qui les finance. Toutes les sphères du monde de l’art, du critique à l’artiste, coopèrent avec les banques et les entreprises de tous les secteurs de la production. Plus en avant, l’exposition cherche à comprendre comment et pourquoi l’économie paraît incarner pleinement ces dynamiques jusqu’à ne faire qu’une avec elles.

- Art & Economy, jusqu’au 23 juin, Deichtorhallen, Desichtortrasse 1-2, Hambourg, tél. 49 40 32 10 30, tlj sauf lundi 11h-18h, www.deichtorhallen.de

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°146 du 5 avril 2002, avec le titre suivant : Donnant, donnant

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