L’argile avant le marbre

Une exposition au V&A retrace l’histoire de la terracota

Le Journal des Arts

Le 5 avril 2002 - 433 mots

Le Victoria & Albert Museum (V&A) à Londres possède certainement la plus importante collection de sculptures de la Renaissance italienne hors d’Italie. Grâce à des prêts importants venus de Paris, Rome, Budapest ou Saint-Pétersbourg, l’institution londonienne se propose de retracer l’histoire de la sculpture en terre cuite, la terracotta, en Italie, de la Renaissance à Canova.

LONDRES - Dans l’exposition du V&A, quatre-vingts œuvres datant de 1400 à 1800 illustrent l’évolution technique et stylistique de la terre cuite italienne. Autant que possible, la terre cuite a été mise en relation avec les dessins préparatoires et avec la sculpture pour laquelle elle a servi de modèle, documentant ainsi toute la démarche créative du sculpteur. Les huit sections de l’exposition sont constellées de noms prestigieux comme Ghiberti, Giambologna, Donatello, Benedetto da Maiano, Verrocchio, Le Bernin, Algardi, Foggini et Canova. Au début du XVe siècle, Ghiberti et Donatello introduisent cette “mode” du travail de l’argile, aussi bien en vue de réaliser des modèles pour des sculptures en bronze, que pour des terres cuites peintes, conçues comme des œuvres en soi. Tout au long du siècle, le domaine du portrait voit proliférer les pièces en terre cuite servant à la réalisation de bustes en marbre. Verrocchio, par son approche expérimentale et novatrice de la terre cuite, en particulier pour le monument au cardinal Niccoló Forteguerri à Pistoia, reprend le flambeau de ses prédécesseurs, tandis que Benedetto da Maiano en fait un usage plus conventionnel. La section “Statues en terre cuite de grandes dimensions” réunit quelques exemples, pour la plupart fragmentaires, des grandes sculptures qui étaient réalisées en argile, cuites en pièces séparées, hors de l’Italie centrale, à cause de la pénurie des carrières de marbre d’une part et, d’autre part, de la plus grande expressivité que permettait le travail de l’argile – qu’on pouvait également colorer. La partie intitulée “Le culte du modèle” présente une collection d’importantes terres cuites de Michel-Ange, de Giambologna et du Bernin (il s’agit de modèles pour les anges du pont Saint-Ange de Rome). Les collectionneurs goûtaient particulièrement ces pièces plus spontanées et plus proches de l’idée initiale de l’artiste que les œuvres définitives. Le Grand Tour a également joué un rôle important dans la diffusion de versions réduites de célèbres sculptures en marbre ou en bronze. La dernière section, enfin, est entièrement consacrée à Canova et à l’importance de la terre cuite dans la réalisation de ses marbres raffinés.

- Terre et feu : la terre cuite italienne. Sculptures de Donatello À Canova, jusqu’au 7 juillet, Victoria & Albert Museum, Cromwell road, Londres, tél. 44 87 04 42 08 08, tlj 10h-17h45.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°146 du 5 avril 2002, avec le titre suivant : L’argile avant le marbre

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