Inspection au Panthéon

Examen complet du monument célébrant la « romanité »

Le Journal des Arts

Le 19 avril 2002 - 569 mots

Un budget de 2,3 millions d’euros a été affecté
à Rome au Panthéon, en vue
de réaliser un examen complet de sa vaste coupole et de prévoir d’éventuels renforts. L’opportunité d’en savoir un peu plus sur ce tour de force architectural.

ROME (de notre correspondant) - S’il est le plus grandiose des monuments de la Rome antique, le Panthéon est certainement le mieux conservé de tous. Construit par Marcus Vipsanius Agrippa, gendre d’Auguste, il a brûlé deux fois avant de prendre l’aspect qu’on lui connaît aujourd’hui, reconstruit intégralement selon la volonté de l’empereur Hadrien, à l’époque duquel  remonte aussi la célèbre épître dédicatoire inscrite sur l’architrave du pronaos. Comme de nombreux bâtiments complexes de l’Antiquité, divers mystères enveloppent ce monument. Le premier est la réalisation de la gigantesque coupole de plus de 43 mètres de diamètre, un miracle de la science de la construction qui aujourd’hui encore laisse perplexes les architectes. En dépit des innombrables remaniements menés dès l’époque des empereurs Septime Sévère et Caracalla, l’aspect actuel du Panthéon est encore en grande partie celui qu’il avait à l’origine, depuis le dallage en marbres précieux – restauré par Pie IX en 1873 – jusqu’à la coupole à caissons. C’est justement sur celle-ci que se fixe aujourd’hui l’attention de la direction de l’Environnement et de l’Architecture de Rome, à laquelle est confié le monument et qui se livre sans cesse à des travaux d’entretien. La direction sera flanquée pendant deux ans d’un comité du Panthéon, créé à la fin 2001 et présidé par Vittorio Sgarbi, sous-secrétaire aux Biens culturels. Il est composé de chercheurs et de spécialistes chargés d’“analyser et d’articuler les interventions de restauration sur un ouvrage symbolisant la romanité”. Environ 2,3 millions d’euros provenant des fonds extraordinaires de la Loterie nationale italienne ont été affectés à l’inspection complète, au nettoyage et à la restauration de l’intrados de la coupole. L’extrados recouvert de plaques de plomb ne pose actuellement aucun problème, mais d’anciennes infiltrations d’eau révélées par les nombreuses taches sur les caissons ont affaibli la consistance des mortiers. De petites chutes de plâtre ont motivé des interventions locales et ont aussi très récemment mis en évidence la nécessité de fixer l’ensemble de la couche la plus externe de l’intrados. La restauration, qui débutera dans le courant de l’année, ne doit en aucun cas gêner l’ouverture de l’édifice, visité par plus de deux mille personnes par jour. L’hypothèse la plus probable est celle d’une intervention par secteurs. Le financement obtenu permettra également d’enlever la végétation spontanée qui a poussé sur les parties hautes de la structure et sur les encorbellements en marbre jusqu’à la dernière corniche. Parallèlement, la solidité de ces éléments sera vérifiée, et ce contrôle fournira l’occasion d’une étude complète sur la stabilité de l’édifice. Les investigations s’étendront jusqu’au pronaos, surtout dans sa partie haute. Le manteau de la couverture a été restauré il y a une vingtaine d’années, mais il serait nécessaire de nettoyer les marbres, notamment à cause de l’usage “impropre” que les pigeons font de ce porche. Il faut aussi envisager d’intervenir sur le beffroi (le Panthéon a été le premier édifice romain à être transformé en église en 609), dont la fonction pourrait être rétablie. La question de la grille servant à “sauvegarder” le monument reste encore en suspens. Vittorio Sgarbi, qui examine les hypothèses de réorganisation des filets de protection du Panthéon, a déclaré que la grille existante sera conservée pour l’instant.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°147 du 19 avril 2002, avec le titre suivant : Inspection au Panthéon

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