Cède collection

Le fonds d’Egidio Marzona au Sud-Tyrol ?

Le Journal des Arts

Le 19 avril 2002 - 538 mots

La province du Sud-Tyrol vient de faire une offre à Egidio Marzona pour lui acheter une partie de sa collection d’art contemporain américain et européen. Cet ensemble pourrait venir enrichir le Museion, musée d’art moderne et contemporain de Bolzano.

BOLZANO (de notre correspondante) - L’importante collection d’art américain et européen d’Egidio Marzona (Art conceptuel, Art minimal, Land Art et Arte povera) dont l’acquisition avait été annoncée l’automne dernier par la Stiftung Preußischer Kulturbesitz de Berlin est en fait encore “sur le marché”. Aucune vente n’a à ce jour été officialisée. Le Museion, musée d’art contemporain et moderne de Bolzano, pourrait bien être intéressé par cet ensemble qui – vue l’importance des lots, environ 2 500 pièces évaluées à 18 millions d’euros – pourrait aussi être scindé en deux. Ce musée, en raison de son emplacement géographique, dans la région du Sud-Tyrol, œuvre depuis longtemps pour les échanges entre les cultures latines et germaniques. Il a récemment présenté une offre d’acquisition à Egidio Marzona, collectionneur et marchand d’origine italienne, longtemps résident en Allemagne, qui devrait bientôt rendre publique sa décision. Bruno Hosp, délégué germanophone à la culture de la province italienne du Sud-Tyrol, soutient fermement l’acquisition de la collection Marzona. Il s’appuie sur le “consensus total” d’Ida Gianelli et de Jean-Christophe Ammann, respectivement directrice du Musée d’art contemporain du Castello di Rivoli et ancien directeur du Museum für Moderne Kunst de Francfort, et membres du comité scientifique du Museion aux côtés de Jan Hoet, Gerald Matt et Angela Vettese. Le directeur du Museion, Andreas Hapkemeyer, spécialiste de l’Arte povera et du Pop’ Art, est aussi favorable à cette acquisition. L’offre de la province faite à Egidio Marzona prévoit que la moitié des œuvres concernées par l’opération (environ 300) soit achetée à hauteur de 4 ou 5 millions d’euros, et que les 300 restantes soient mises en dépôt au musée pour une durée de vingt ans. Enfin, l’ensemble des archives, outil d’études très important comprenant plus de cinquante mille documents, pourrait être donné à l’institution afin d’être mis à la disposition des chercheurs.

L’ancien directeur du musée, Pierluigi Siena, reste, quant à lui, perplexe sur cette opération et juge l’acquisition trop onéreuse et peu appropriée à la culture locale. Riccardo Cebulli, expert de la maison de vente aux enchères Finarte, émet le jugement le plus critique. Ce dernier a effectué une expertise de la collection à la demande de Luigi Cigolla, délégué à la culture de la province. “Je n’ai pas relevé d’œuvre importance tant par sa qualité que par sa date, a-t-il déclaré. Les artistes sont très nombreux et certains sont assez bien représentés, mais si je prends en considération les plus renommés comme Boetti, Kounellis, Paolini, Merz, Manzoni ou Anselmo, la qualité des œuvres est inversement proportionnelle à la célébrité de l’artiste.” Et de conclure que l’acquisition de la collection serait “plus indiquée pour un privé que pour un musée”. Un avis que ne partagent ni Andreas Hapkemeyer ni Angela Vettese. Celle-ci a, au contraire, insisté sur l’importance d’acquérir une collection de ce type (il s’agirait d’“un investissement à long terme également sur le plan économique”), en rappelant l’épisode peu glorieux de la dispersion partielle de la collection de Panza di Biumo au cours de ces dernières années.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°147 du 19 avril 2002, avec le titre suivant : Cède collection

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