Vicence sur la bonne voie

D’importants vestiges romains mis au jour en Vénétie

Le Journal des Arts

Le 3 mai 2002 - 407 mots

À l’occasion de la Semaine de la culture qui, en avril, a ouvert les portes de nombreux monuments et musées en Italie, le public a pu découvrir une partie de
la voie romaine se trouvant sous le Duomo de Vicence. Accidentellement exhumés pendant la dernière guerre,
les vestiges ont fait l’objet
d’une campagne de conservation.

VICENCE (de notre correspondante) - Long de 9 mètres, le segment de voie romaine qui chemine sous le Duomo de Vicence a été identifié à une partie du decumanus, l’actuelle voie palladienne sous laquelle se dressent les plus beaux palais de cette ville de Vénétie, le long de l’antique voie Postumia. En bon état de conservation, cette portion de route est pratiquement dépourvue des traces habituellement laissées par les chars. Les vestiges issus de la campagne de fouilles archéologiques se sont révélés d’un intérêt majeur par leur étendue et l’ampleur de la période qu’ils permettent d’étudier : du Ier siècle av. J.-C. jusqu’à la fin du Moyen Âge. Centre économique, la ville de Vicence était également par sa situation géographique un foyer culturel de grande importance, comme le prouve, au début du IXe siècle, le capitulaire de Lotario, qui rendait compte en l’an 825 de la présence de tous les élèves de Padoue, Trévise, Feltre, Ceneda et Ascolo, venus étudier dans la ville. Un bombardement pendant la Deuxième Guerre mondiale a mis au jour les vestiges reposant sous le Duomo. Rapidement devenus inaccessibles, les lieux étaient saturés d’humidité à cause de la proximité de la nappe phréatique. Un financement de 770 000 euros provenant de la Loterie nationale italienne a récemment permis de refaire le sol de l’église. L’analyse de la superposition de différentes strates a alors révélé l’histoire du monument. La première couche, avec des traces de fresques et des sols en mosaïques, a révélé une maison romaine du Ier siècle dans un élégant quartier résidentiel intra muros. Avant que l’édit de tolérance de Constantin en 313 n’admette le christianisme comme culte, la maison est devenue un lieu de catéchèse, puis s’est transformée en église – construite sur les socles des piliers romains. Quant à la crypte de l’église actuelle, elle correspond à celle de la basilique romane. Les matériaux ont, eux aussi, été réutilisés : ainsi, une pierre milliaire haute de 2,5 mètres, placée au bord de la route et ornée d’une dédicace à l’empereur Gratien, était, à l’origine, l’architrave d’un édifice romain, avant de devenir le seuil de l’église.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°148 du 3 mai 2002, avec le titre suivant : Vicence sur la bonne voie

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